La Banque d'Angleterre (BoE) a estimé mercredi que l'inflation britannique devrait rester au-dessus de l'objectif de 2% jusqu'à la fin 2011 et que la reprise devrait continuer mais à un rythme plus faible que ce qu'elle prévoyait précédemment, dans son rapport trimestriel sur l'inflation.

Le Comité de politique monétaire de la BoE «estime que la reprise devrait continuer», mais à un rythme plus faible que que ce qu'il prévoyait dans son précédent rapport, publié en mai, a indiqué la banque.

«La perspective la plus probable pour la croissance du produit intérieur brut (PIB) est plus faible que celle contenue dans le rapport de mai, afin de refléter le ramollissement de la confiance des entreprises et des consommateurs, un rythme plus rapide d'assainissement budgétaire, et une amélioration plus lente des conditions de crédit», a expliqué la banque centrale britannique.

Ainsi, la BoE s'attend à voir la croissance du PIB britannique stagner autour de 3% au cours des trois ans à venir alors qu'elle la voyait en mai évoluer sur cette période dans une fourchette comprise entre 3% et 4%, une révision à la baisse qualifiée de «modeste» par le gouverneur de l'institution, Mervyn King, lors d'une conférence de presse suivant la publication du rapport.

M. King a de plus indiqué que la reprise, qui est actuellement «lente mais régulière», devrait être par la suite «agitée» et qu'il faudra plusieurs années avant de retrouver une économie «normale».

De plus, le gouverneur a de nouveau laissé la porte ouverte à un extension des rachats d'actifs de l'institution (mesures dites d'assouplissement quantitatif), mis en place l'année dernière pour injecter des liquidités dans une économie britannique alors en pleine récession, et dont le montant total de 200 milliards de livres sterling (240 milliards d'euros) a été épuisé fin janvier.

En outre, l'inflation devrait rester au-dessus de l'objectif de 2%, niveau sous lequel la BoE est censée la contenir, plus longtemps qu'estimé en mai, jusqu'au dernier trimestre de 2011, du fait notamment d'une hausse de la TVA de 17,5% à 20% qui entrera en vigueur l'année prochaine.

Cependant, l'inflation devrait par la suite rechuter plus fortement que prévu précédemment, jusqu'à redescendre juste au-dessus de 1% début 2012, avant de se stabiliser autour de 1,5% sur les dix-huit mois suivants.

En effet, «la banque centrale reste fermement fidèle à son raisonnement, selon lequel, une fois que les facteurs temporaires (qui soutiennent actuellement l'inflation à un niveau très élevé), dont la hausse de la TVA (...), auront disparu, l'inflation sera plombée par le fort excédent de production disponible et par une croissance des salaires atténuée», commentait Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight.

Ainsi, l'institution devrait maintenir inchangé son taux directeur à 0,5%, niveau historiquement bas auquel il est fixé depuis mars 2009, au moins jusqu'au début de l'année prochaine, s'accordent à dire les économistes.

Plus forte baisse du nombre de chômeurs depuis 3 ans

Par ailleurs, le marché du travail britannique a donné des signes d'embellie mercredi, les statistiques publiées mercredi montrant la plus forte baisse du nombre de chômeurs depuis trois ans sur les trois mois achevés en juin, tandis que le taux de chômage se stabilisait à 7,8% par rapport à mai.

Le nombre de chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT) a diminué de 49 000 sur les trois mois achevés en juin, à 2,46 millions, a précisé l'Office des statistiques nationales (ONS) dans un communiqué, ce qui représente la plus forte baisse enregistrée en un trimestre depuis trois ans.

Le taux de chômage au sens du BIT est quant à lui ainsi ressorti à 7,8% sur les trois mois achevés en juin, inchangé par rapport à mai et en recul de 0,2 point par rapport aux trois mois précédents (janvier à mars). Ce chiffre est conforme aux prévisions des économistes, qui tablaient également sur un taux inchangé par rapport à mai, d'après Crédit Agricole CIB.

Ce fort recul du nombre de chômeurs s'est accompagné de la plus forte hausse du nombre d'emplois sur trois mois depuis 1989: 184 000 postes supplémentaires ont créés sur la période, portant le nombre total d'emplois au Royaume-Uni à 29 millions, a précisé l'ONS.

En revanche, le nombre d'allocataires de l'assurance chômage, qui sert à calculer le taux de chômage au sens national, a quant à lui reculé en juillet pour le sixième mois de suite, mais moins fortement que prévu, diminuant de 3800 personnes seulement, quand les économistes tablaient sur une baisse de 16 500. Le taux de chômage au sens national s'est quand à lui maintenu à 4,5%, comme attendu.