Les cours du pétrole évoluaient en net repli mardi en début d'échanges européens, retombant sous le seuil des 80 dollars dans un marché inquiet d'une baisse de la demande pétrolière chinoise et fébrile avant une réunion très attendue de la banque centrale américaine (Fed).

Vers 10H00 GMT (12H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre s'échangeait à 79,82 dollars, en recul de 1,17 dollar par rapport à la clôture de vendredi.

À la même heure, le «brut léger texan» (WTI) pour la même échéance perdait 96 cents à 80,52 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

Après le ferme rebond des prix du baril enregistré lundi, encouragé par l'affaiblissement du dollar et une forte progression des places boursières -de nature à rasséréner le marché-, les investisseurs renouaient mardi avec la fébrilité.

Les Bourses européennes reculaient dans les premiers échanges et la monnaie américaine se raffermissait face à l'euro, rendant moins attractifs les achats de pétrole libellés en dollars pour les investisseurs munis d'autres devises.

«Outre le renchérissement du dollar, les chiffres des importations chinoises (pour juillet) génèrent des tensions sur les prix (du brut): le deuxième plus grand consommateur mondial a importé 17,5% de pétrole que le mois précédent, un recul de 3,2% sur un an», soulignaient les analystes de Commerzbank.

«Les inquiétudes sur un affaiblissement durable de la demande chinoise semblent toutefois prématurées: ce recul remarquable sur un mois peut s'expliquer par un niveau record d'importations en juin» et par l'explosion de deux oléoducs de la zone portuaire de Dalian qui ont affecté les importations d'or noir, tempéraient-ils.

Pour les experts, du cabinet JBC Energy, la tendance pourrait être plus profonde, car «le baril de brut au-dessus de 80 dollars constitue un frein pour les achats des raffineries chinoises, qui enregistrent une baisse des marges garanties par l'État au-dessus de ce seuil».

«La demande de pétrole de la Chine devrait commencer à connaître une période de ralentissement; la croissance économique devrait caler au second semestre à mesure que s'épuisent progressivement les investissements massifs (de l'État) réalisés précédemment», expliquaient ces analystes.

Par ailleurs, les cours du brut devraient rester suspendus mardi aux décisions de la Réserve fédérale américaine, dont le Comité de politique monétaire se réunit dans l'après-midi.

«Tous les yeux se tourneront sur les commentaires et/ou les décisions qui seront annoncées dans la foulée de la réunion. On s'attend beaucoup à ce que la Fed prenne des mesures d'assouplissement quantitatif», relevait Olivier Jakob, du cabinet suisse Petromatrix.

Des mesures de soutien à l'économie, sous la forme notamment d'achats de titres sur les marchés, pourrait redonner un second souffle à la reprise économique, aux perspectives assombries la semaine dernière par des statistiques mensuelles décevantes sur l'emploi américain.

La Fed pourrait également contribuer par ce biais à peser sur la valeur du dollar, facteur positif pour les prix du brut.

Enfin, les investisseurs surveilleront mardi soir les estimations émises par l'association professionnelle American Petroleum Institute, qui fournissent une première indication sur les réserves de brut aux États-Unis avant les chiffres hebdomadaires officiels publiés mercredi.