Le marché obligataire américain et européen grimpait nettement vendredi, profitant des chiffres décevants de l'emploi aux États-Unis, ce qui a permis aux taux d'intérêt sur plusieurs échéances de toucher des plus bas historiques.

À 18H00 (16H00 GMT), le rendement du Bund, l'obligation allemande à 10 ans, baissait à 2,509% contre 2,551% la veille, tout comme celui de l'OAT française à 2,763% contre 2,812% jeudi.

Le taux de l'OAT touchait un nouveau plus bas historique, après avoir déjà battu la veille son précédent record du 25 mai (2,867%).

Plusieurs autres rendements ont atteint un seuil plancher, tels que les obligations françaises à 7 ans (2,193%), 9 ans (2,570%), et 20 ans (3,318%), tout comme l'obligation allemande à 15 ans (2,793%) et 20 ans (3,108%).

Aux États-Unis, les rendements à 2 ans (0,506%) et 3 ans (0,752%) atteignaient également des niveaux jamais vu.

«C'est la poursuite de la tendance observée depuis plusieurs jours», observe Cyril Beuzit, stratégiste obligataire de BNP Paribas, qui explique la baisse des rendements par «l'accumulation de statistiques américaines faibles».

Les investisseurs ont préféré se tourner vendredi sur les obligations souveraines après la déception occasionnée par des chiffres de l'emploi américain moins bons que prévu.

Cette publication a fait trébucher l'ensemble des Bourses européennes, qui ont clôturé en nette baisse. Francfort a perdu 1,17% et Paris 1,28%.

Les États-Unis ont enregistré 131 000 destructions nettes de postes en juillet, selon le rapport du département du Travail, là où les analystes en attendaient en moyenne 87 000.

Malgré les mauvais chiffres de juillet, le taux de chômage est resté stable à 9,5%, alors que les analystes attendaient qu'il remonte à 9,6%, grâce à la baisse de la population active.

Cette tendance profite au marché obligataire, qui fait office de valeur refuge aux yeux des investisseurs et dont la hausse est nourrie par des perspectives de faible croissance.

Les pays européens les plus fragiles profitaient également de la défection des investisseurs sur les marchés boursiers.

Les taux espagnols se détendaient à 4,041% contre 4,114% la veille, tout comme les grecs à 10,145% contre 10,152% jeudi.

Malgré cette forte détente, M. Beuzit n'exclut pas que les taux à 10 ans allemand et américain puissent atteindre les 2% d'ici la fin 2010, un scénario semblable par certains côtés à celui de la déflation japonaise des années 1990.

Le stratégiste rappelle que «les banques centrales sont un peu coincées, avec des taux directeurs au plus bas tandis que l'appétit pour le risque des investisseurs est fragile».

Le taux du Gilt britannique baissait à 3,219% contre 3,229% jeudi.

Aux États-Unis, le rendement du bon du Trésor à 10 ans diminuait à 2,824% contre 2,915% jeudi, tout comme celui du bon à 30 ans à 4,020% contre 4,065% la veille. Les taux à trois mois restaient stables à 0,14%.

Sur le marché interbancaire, l'Euribor, taux de référence de la zone euro, est monté à 0,905% contre 0,904% jeudi tandis que le Libor à trois mois en dollars a reculé à 0,411% contre 0,418% la veille.