La monnaie chinoise reste «fortement» sous-évaluée malgré la décision récente prise par Pékin de laisser le yuan flotter plus librement, a déclaré mercredi un haut responsable du Fonds monétaire international.

«L'opinion des services du FMI sur la monnaie chinoise est que le yuan reste fortement inférieur au niveau qui serait conforme aux données économiques de base à moyen terme», a déclaré à la presse Nigel Chalk, chef de la mission du FMI en Chine.

Les propos de M. Chalk ne reflètent pas l'opinion officielle du Fonds, dont les membres du Conseil d'administration sont apparus divisés lundi sur la question de la valeur du yuan.

Selon une «note d'information au public» publiée mardi «plusieurs administrateurs sont convenus que le taux de change du yuan était sous-évalué», ainsi que le soulignait le rapport de la mission du FMI en Chine.

Cependant, «un certain nombre d'autres se sont montrés en désaccord» avec l'avis exprimé dans le rapport de la mission, indique le compte-rendu sommaire de cette réunion ayant permis de valider les consultations du Fonds et de la Chine dans le cadre de l'évaluation de l'économie de ce pays.

Pékin a décidé en juin de laisser sa monnaie flotter plus librement, après lui avoir imposé un taux de change quasi fixe face au dollar pendant presque deux ans, mais les Occidentaux estiment que la monnaie chinoise est toujours sous-évaluée.

Les Etats-Unis, l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne ont chacun un représentant au Conseil d'administration du FMI, la plus haute instance de décision du Fonds, qui compte 24 sièges réservés à autant de représentants de pays ou de groupes de pays.

Depuis que la Chine est revenue au régime de changes dit du «flottement contrôlé», le yuan s'est apprécié de moins de 1% par rapport au dollar. Le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner, a rappelé dans un entretien télévisé diffusé dimanche que la réévaluation de la monnaie chinoise serait un processus long.

Le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, avait estimé quelques jours plus tôt que les produits chinois aux Etats-Unis étaient sous-évalués de 10 à 30%.

Selon un article publié en février par l'économiste française Annick Steta, «les tentatives d'estimation de la sous-évaluation du yuan ont donné des résultats divers: selon les méthodes utilisées et les données retenues, son ampleur varie de 0% à 60%».

Contrairement à ce qui se passe dans la majorité des cas, le FMI n'a pas publié le rapport de sa mission d'évaluation de l'économie chinoise.

«Nous nous attendons à ce que ce rapport soit publié, mais la décision de le publier revient aux autorités chinoises et celles-ci n'ont pas encore tranché à l'heure actuelle», a indiqué M. Chalk, qui s'exprimait lors d'une conférence téléphonique.