Une nouvelle donne mondiale pourrait apparaître alors que les économies des États-Unis, de l'Europe et de la Chine ralentissent simultanément.

Après que les politiques de stimulation économique eurent sorti les grandes économies de la récession avec une croissance de 5% au premier trimestre, celles-ci se dirigent vers une croissance moindre, mais semblent au moins éviter une seconde chute.

La croissance mondiale pourrait se situer autour de 3,25% à 3,5% au cours des trois à cinq prochaines années, bien en deçà du rythme de 4,7% des cinq années ayant mené à la dépression, estime l'économiste Stephen Roach, de la firme Morgan Stanley en Asie.

Ce ralentissement du rythme de la croissance à long terme s'explique par la diminution des dépenses des consommateurs aux États-Unis et la consolidation fiscale en Europe, de même que par la faiblesse des prêts bancaires et le chômage d'un côté et de l'autre de l'Atlantique. La croissance chinoise pourrait aussi décliner car la Chine réoriente son économie vers d'autres secteurs que les industries manufacturières et les exportations.

La nouvelle donne mondiale a pour conséquence que les investisseurs pourraient devoir accepter de plus faibles rendements et davantage de volatilité dans leurs portefeuilles, selon Mohamed El-Erian, PDG de Pacific Investment Management Co.

«Cela implique un plus faible rendement nominal pour l'ensemble» que la moyenne historique de 6% à 8%, a-t-il dit.

Rendements stables

La juste valeur de marché de l'indice Standard & Poor's 500 est de 900, selon Jeremy Grantham, stratège en chef de l'investissement à Boston chez Grantham Mayo Van Otterloo & Co. C'est 22,5% sous l'indice de fermeture du 23 juillet à 16h, à New York, qui était de 1102,66. Hier, les contrats à terme du S&P 500 qui expirent en septembre ont diminué de 0,1% à 1099,7 à 11h34 à Londres.

M. Grantham affirme que les grandes économies auront de la chance si elles connaissent une croissance annuelle de 2% pour les sept prochaines années, et il préconise les actions d'entreprises ayant des rendements élevés et stables et moins de dettes.

«Au bout du compte, les niveaux de dette doivent être abaissés partout», dans le monde industrialisé, a-t-il écrit dans son bulletin trimestriel du 19 juin.

Signes de force

Jim O'Neill, économiste en chef chez Goldman Sachs Group Inc., n'est pas aussi pessimiste. Tout en reconnaissant que le cycle économique «ralentit clairement», il estime que la tendance de la croissance mondiale est d'environ 4% et qu'elle pourrait être en train d'augmenter, poussée par les marchés émergents.

«La moitié de la population du monde ne se réveille pas en disant «crise du crédit» avant le déjeuner», a dit O'Neill.

Par ailleurs, certaines données ont laissé paraître des signes de force la semaine dernière: l'économie de la Grande-Bretagne a crû de 1,1% au second trimestre, le rythme le plus rapide en quatre ans et presque deux fois plus que les prévisions des économistes. La confiance des entreprises allemandes a également atteint un sommet inattendu de trois ans ce mois-ci, selon l'institut Ifo de Munich. Son indice, basé sur un sondage auprès de 7000 cadres, est passé de 101,8 à 106,2 en juin, le plus fort gain depuis 1990.

«Étant donné la façon dont l'Allemagne est tournée vers l'économie mondiale, cet indicateur aurait dû chuter plutôt qu'augmenter et pointe en direction d'un atterrissage en douceur de l'économie plutôt que vers une deuxième chute», a dit Violante di Canossa, économiste au Credit Suisse Group AG.

L'ÉCONOMIE MONDIALE S'ESSOUFFLE

+3,25 à 3,5%

Selon le réputé économiste Stephen Roach, l'économie mondiale ralentit. Si bien que la croissance annuelle se limitera à 3,25 à 3,5% au cours des cinq prochaines années, contre 5% au premier trimestre 2010.

-1,5%

Le ralentissement de la consommation américaine, l'austérité budgétaire en Europe et l'hésitation des banques à prêter sont autant de facteurs qui affectent la conjoncture.

+7 à 8%

Même l'économie chinoise est en perte de vitesse: sa croissance annuelle se limitera à 7-8% pour les cinq prochaines années, au lieu de 10% actuellement.