La Hongrie a été à nouveau mise sous surveillance par l'agence de notation Moody's, après la suspension des négociations avec le FMI et l'UE, mais les marchés ne s'en inquiétaient pas vendredi, au lendemain de l'adoption au Parlement de mesures pour juguler le déficit.

Emboîtant le pas à Moody's, l'agence de notation Standard & Poor's (S&P) a assorti vendredi la note de la dette à long terme de la Hongrie d'une perspective négative, estimant que les dernières mesures du gouvernement risquaient de peser sur les perspectives de croissance à moyen terme.

Elle a averti Budapest qu'elle «pourrait abaisser sa note si dans l'année à venir, nous arrivons à la conclusion que les politiques du gouvernement n'aboutiront pas à un déclin significatif de la dette publique en termes de pourcentage du PIB sur le moyen terme ou si l'engagement politique de poursuivre des mesures soutenant la croissance venait à s'affaiblir.»

La Hongrie est notée BBB-, et un abaissement d'un cran de la part de Standard & Poor's la placerait en catégorie spéculative.

Moody's a déclaré, dans un communiqué, réfléchir à un éventuel abaissement de la note souveraine de la Hongrie, en raison de «l'incertitude croissante entourant les perspectives budgétaire et économique» après la suspension des discussions entre Budapest et les institutions internationales.

«Le forint a perdu 0,5% de sa valeur après l'annonce vendredi matin, ce n'est pas un drame», a déclaré à l'AFP Sandor Jobbagy, analyste de la banque CIB à Budapest. La devise hongroise s'échangeait ce matin à 286,56 HUF pour un euro contre 283,48 à l'ouverture. L'indice BUX de la Bourse de Budapest reculait de 0,21% à 22.229 points.

Les marchés ont compris, selon lui, que le gouvernement de Viktor Orban, au pouvoir depuis à peine 57 jours, n'annoncerait ses décisions concrètes quant au budget 2011 qu'après les élections municipales du mois d'octobre.

En attendant, le nouveau Premier ministre conservateur a obtenu jeudi soir un feu vert massif au Parlement à son paquet de mesures pour ramener cette année le déficit public à 3,8% du PIB, grâce à sa majorité des 2/3 des sièges et aux voix de l'extrême droite.

Le gouvernement imposera donc, parmi d'autres mesures et ce dès cet automne, une taxe de 0,45% sur les bilans financiers des banques actives en Hongrie. Cette initiative a été vertement critiquée par les milieux financiers nationaux et à l'étranger, le FMI et l'UE et même les éditorialistes de journaux comme le Washington Post et Le Monde.

Les délégués du FMI et de Bruxelles sont repartis samedi dernier sans accord avec Budapest après dix jours de discussions et ont dans la foulée suspendu les négociations ainsi que le versement de la prochaine tranche du prêt de 20 milliards d'euros accordé en octobre 2008 pour éviter la faillite du pays.

Mais la Hongrie avait déjà renoncé à toucher les deux précédentes tranches, préférant se fournir en argent frais sur les marchés où les investisseurs refaisaient confiance à la relance économique du pays.

Jeudi, M. Orban a annoncé qu'il ne négocierait pas de nouveau prêt avec le FMI mais préférait discuter avec Bruxelles. De la part de la Commission européenne, il a souhaité un traitement équitable entre les pays membres des 27 en matière de déficit. Avec ses 3,8% visés en 2010, la Hongrie, a-t-il dit, est plutôt bien placée par rapport à d'autres avec jusqu'à 11% de déficit.

Attila Gyulai, analyste de l'institut Political Capital, a expliqué à l'AFP que la décision de Moody's «n'était pas inattendue après les événements de la semaine».

Le problème avec la Hongrie, selon M. Gyulai, est «qu'à l'étranger, la communication de Viktor Orban est difficile à déchiffrer, et par conséquence, ils ne savent pas si ses décisions prévues après octobre (après les élections municipales, ndlr) apporteront la stabilité ou non».