Les risques liés à la crise de la dette en Europe vont «probablement» freiner à court terme la reprise modérée dans la zone euro, a estimé mercredi le Fonds monétaire international (FMI).

«La reprise naissante, emmenée essentiellement par la demande externe, va probablement ralentir à court terme en raison des tensions sur les marchés» liées à la crise de la dette, juge le Fonds dans son rapport annuel sur la zone euro, publié mercredi.

Le salut ne viendra pourtant pas de l'austérité budgétaire, jugée indispensable par le FMI, car les politiques de réduction des déficits auront aussi un impact sur la croissance à moyen terme, et favoriseront la persistance d'un chômage élevé, reconnaissent les experts du Fonds. Ces derniers jugent d'ailleurs que même si la crise de la dette était terminée et la confiance des marchés rétablie, la reprise n'en serait pas moins «modérée et déséquilibrée».

Seule la baisse de la monnaie unique, dont le niveau est «maintenant à peu près en rapport avec les fondamentaux» de la zone euro, apportera un peu d'oxygène, ajoute ce rapport.

Le FMI juge pourtant nécessaire qu'une «action immédiate» soit engagée pour rétablir les finances publiques. Mais celle-ci doit être «différenciée» selon les pays, pour ne pas compromettre les chances de la croissance.

Les pays sous la pression des marchés, Grèce, Espagne ou Portugal, «n'ont pas d'autre choix» que d'atteindre leurs objectifs en termes de déficit public, les autres devront aussi prendre les mesures nécessaires pour renverser une tendance «défavorable» en termes d'endettement public.

Mais cet assainissement budgétaire devra suivre un rythme adapté, relève le FMI, qui se félicite que les politiques de réduction des déficits ne soient pas lancées dès cette année mais en 2011 «au plus tard».

D'une manière générale, le FMI estime que la zone euro doit enfin s'attaquer au «problème persistant d'une croissance anémique» en lançant des réformes structurelles identifiées notamment sur le marché de l'emploi.

Il lui faudra aussi résoudre la faiblesse de certaines de ses banques, que le FMI n'a pas citées. Encore trop dépendantes d'un soutien externe, gouvernement ou autre, pour se refinancer, elles devront être contraintes à se «recapitaliser» ou à «restructurer», selon ce rapport. De ce point de vue, les tests de résistance concernant 91 banques européennes, et dont les résultats seront publiés vendredi, sont une bonne nouvelle car susceptibles d'ouvrir la voie à ces mesures jugées indispensables.

Le FMI a également réitéré son appel à un «renforcement» de la gouvernance de la zone euro. Celui-ci doit passer notamment par le respect de la discipline budgétaire mais aussi par des «réformes structurelles» devant corriger les «déséquilibres macro-économiques» entre les 16 pays de la zone euro.

«La zone euro fait face à une crise sévère qui requiert une action décisive pour s'attaquer à la crise et parachever le projet d'Union économique et monétaire», estime le FMI.