L'homme achète quatre montres de luxe Seiko comme s'il s'agissait de simples souvenirs bon marché. Le tout pour une somme de 4500$US, payés rubis sur l'ongle par cet habitant de Shanghai dans une boutique chic de Tokyo.

Les Chinois sont de plus en plus nombreux à visiter le Japon, un afflux bienvenu pour l'économie de l'archipel, où ces touristes aisés, friands de produits nippons, s'adonnent avec assiduité au magasinage.

«Nous voulons acheter des produits japonais parce qu'ils sont réputés pour leur très bonne qualité, explique Li Jun, 36 ans, l'homme d'affaires de Shanghai qui a acheté les quatre montres Seiko.

À son programme, pas de visites de temples bouddhistes ou de jardins japonais. Sa femme et lui sont au Japon pour une seule raison: le magasinage.

L'an dernier, 481 696 touristes chinois ont visité le Japon, un chiffre record, en hausse de 20% par rapport à 2007, selon l'Organisation nationale du tourisme du Japon. Alors que la croissance économique japonaise reste anémique, certains commerçants nippons voient cet afflux de visiteurs comme une aubaine.

À Tokyo, on est conscient que la deuxième économie mondiale sera de plus en plus dépendante de ce type de touriste-consommateur alors que la population japonaise vieillit et décline.

Tourisme plus universel

Les autorités nippones ont décidé d'assouplir les restrictions de visa pour les citoyens de l'empire du Milieu. Les Chinois gagnant plus de 60 000 yuan (9430$ CAN) par an pourront ainsi obtenir un visa de tourisme. La limite avait été fixée jusqu'ici à 250 000 yuan (39 300$ CAN), apparemment par crainte de voir des visiteurs à bas revenus rester illégalement dans l'archipel.

Malgré cette révision à la baisse, le nouveau seuil reste très supérieur au salaire moyen des citadins chinois: 19 000 yuan (environ 3000$ CAN) l'an dernier.

«L'économie chinoise est en plein essor et la demande chinoise pour les voyages à l'étranger, notamment parmi les riches, est sur le point d'exploser», souligne toutefois Kouichi Ueno, responsable de l'Agence du tourisme du Japon.

Le magasinage est l'activité la plus prisée des touristes chinois au Japon et le quartier commerçant huppé de Ginza, à Tokyo, profite de cette clientèle.

Pour augmenter sa clientèle chinoise, Mitsukoshi est devenu le premier grand magasin nippon à accepter la populaire carte bancaire chinoise China Union Pay, qui peut aussi être utilisée pour faire des retraits aux distributeurs de billets japonais.

Le total des transactions réalisées au moyen de cette carte bancaire chinoise au Japon est passé de 2,7 milliards de yens (424 millions CAN) en 2007 à 20 milliards de yens (3,1 milliards CAN) en 2009, selon une étude de Mitsui Sumitomo Card.

Un groupe de sociétés japonaises travaillant à la promotion du Japon auprès des touristes chinois estime que les dépenses de ces derniers passeront de 120 milliards de yens en 2008 à 430 milliards de yens d'ici à 2012 dans l'archipel.