L'agence de notation financière Moody's a indiqué mercredi qu'elle avait mis «sous revue» la note souveraine de l'Espagne en vue «d'une possible dégradation», en raison de la faiblesse des perspectives de croissance de son économie fragile.

L'agence de notation a averti qu'elle pourrait abaisser la note «Aaa» de «un ou deux crans» à la fin d'une période d'examen de trois mois.

La décision a été motivée par «la détérioration (à court et à long terme) des perspectives de croissance économique» en raison des défis auxquels le gouvernement est confronté pour réaliser ses objectifs financiers et par «les préoccupations quant à la hausse des coûts de financement à long terme».

Cet avertissement intervient alors qu'une autre agence de notation, Fitch, a abaissé le 28 mai d'un cran la note de la dette de l'Espagne, faisant valoir que les perspectives de croissance étaient affectées notamment par la dette privée, malgré les efforts gouvernementaux pour réduire les déficits publics.

«La dégradation reflète l'opinion que le processus d'ajustement vers un niveau plus bas d'endettement privé et extérieur va matériellement réduire le taux de croissance de l'économie espagnole à moyen terme», avait indiqué l'agence Fitch, qui avait privé l'Espagne de la meilleure note possible «AAA», la rabaissant à «AA+».

«Les perspectives de croissance de l'Espagne sont plus faibles que celles des autres pays souverains notés Aaa», a déclaré Kathrin Muehlbronner, vice-président de Moody's et analyste en chef pour l'Espagne.

«À court terme, l'accélération de l'assainissement budgétaire du gouvernement combinée avec les coûts d'emprunt plus élevés auxquels font face actuellement le gouvernement, les consommateurs et les entreprises vont probablement ralentir la croissance».

L'économie espagnole est sortie de la récession au premier trimestre avec une petite croissance de 0,1% par rapport au dernier trimestre 2009.

Le pays est entré en récession au deuxième semestre 2008, frappé par la crise financière internationale et l'éclatement de la bulle immobilière qui avait dopé sa forte croissance des années précédentes.

La récession a fait grimper le taux de chômage à plus de 20% au premier trimestre.

Le gouvernement socialiste a adopté cette année de sévères mesures d'austérité visant à soutenir les finances publiques de l'Espagne en raison des craintes que le pays pourrait tomber dans une crise budgétaire semblable à celle de la Grèce.

Les déficits publics espagnols ont explosé à 11,2% du PIB en 2009 et les mesures adoptées par le gouvernement socialiste visent à tenter de les réduire à 6% en 2011 et 3% en 2013.