Le ministre canadien des Finances affirme que les pays qui réclament une taxe mondiale sur les banques ne se concentrent pas sur les problèmes plus fondamentaux de la réforme financière mondiale.

Jim Flaherty a noté jeudi que les pays qui ont utilisé l'argent de leurs contribuables pour renflouer leurs banques, comme le Royaume-Uni et les États-Unis, étaient ceux qui insistent sur la taxe.

Mais le Canada et plusieurs autres pays dont les secteurs financiers n'ont pas été secourus par des fonds publics s'opposent à l'idée d'une taxe mondiale.

«Va-t-il y avoir une taxe mondiale pour les banques? Non», a indiqué le ministre Flaherty lors d'une conférence de presse en marge d'un discours qu'il devait prononcer devant la chambre de commerce de Toronto, quelque jours avant que la ville ne reçoive les leaders mondiaux à l'occasion du sommet du G20.

«Pourquoi n'y aura-t-il pas de taxe sur les banques? Parce que la majorité des pays du G20 n'en veut pas.»

M. Flaherty a répété ce qu'il a dit tout au long de la récession et depuis le début de la reprise - à savoir que l'économie canadienne était fondamentalement solide et que son secteur bancaire s'en était mieux tiré que ceux de plusieurs autres pays, dont les pratiques étaient plus risquées.

«Nous faisons l'envie du monde, a-t-il fait valoir. Une des leçons clés de la récession mondiale nous enseigne que les principales politiques macroéconomiques sont importantes.»

Selon M. Flaherty, le Canada impose déjà assez ses banques et il n'existe pas de besoin pour une taxe punitive au pays. Cela n'aurait pour effet que de retirer des fonds aux banques et d'ainsi réduire leur capacité à faire des prêts, à un moment où les prêts sont cruciaux pour stimuler l'économie.

Le Canada a proposé un système alternatif de protection du capital qui fait toujours l'objet de discussions dans la communauté internationale.

Le ministre Flaherty a effectué plusieurs sorties publiques pour promouvoir le leadership économique du Canada à la veille des rencontres du G8 et du G20 qui se déroulent cette semaine dans la ville ontarienne de Huntsville et à Toronto.

Plus tôt cette semaine, M. Flaherty a fait un arrêt à New York, où il a dévoilé un rapport gouvernemental qui affirme que le Canada est bien en avance au chapitre des principales priorités des membres du G20, notamment sur les questions de la consolidation fiscale, de la libéralisation du commerce et de la réforme du secteur financier.

Le rapport note, entre autres choses, que le Canada a affiché le plus petit déclin de production de tous les pays du G7 pendant la récession, et que c'est le seul du groupe à avoir virtuellement récupéré toutes ses pertes de production depuis, ainsi que le seul à avoir vu son marché de l'emploi afficher une croissance annuelle en mars.

M. Flaherty a indiqué que le Canada utiliserait les rencontres pour mettre l'accent sur l'importance de la consolidation fiscale, particulièrement en Europe, qui connaît de lourds problèmes de dettes souveraines, afin que la reprise économique ne déraille pas.

Le ministre a aussi indiqué que les leaders tenteraient d'obtenir des détails sur la décision de la Chine d'accorder plus de flexibilité à sa devise, le yuan. Les chefs du G20 espèrent en outre pouvoir conclure un accord sur les cibles de réduction des déficits.

Lors d'une rencontre des ministres des Finances du G20 en Corée du Sud, plus tôt en juin, Jim Flaherty avait remporté une bataille clé pour bloquer l'application uniforme d'une taxe bancaire à l'ensemble des pays membres du G20.

Plusieurs grands pays européens et les États-Unis sont favorables à cette taxe, qui permettrait de créer un fonds dans lequel ils pourraient puiser si d'importantes institutions financières devaient éprouver de nouvelles difficultés d'importance.

Mais depuis déjà plusieurs mois, le Canada effectue une importante campagne de lobbying auprès des leaders mondiaux en faisant valoir que les pays qui n'ont pas eu besoin de secourir leurs institutions financières ne devraient pas avoir à punir leurs banques pour ce que les autres ont fait.