Les joueurs de l'équipe de France ont connu une débâcle sans précédent au Mondial 2010, sur et en dehors du terrain: les Bleus vont-ils perdre leur valeur sur le marché des transferts ou celui des parraineurs individuels?

Concernant le mercato, l'impact négatif de ce tournoi catastrophique pourrait être absorbé avec le temps. Un Mondial «ce n'est que l'aboutissement d'une carrière, de nombreuses compétences qui ont déjà été reconnues», minimise ainsi Didier Primault, économiste au Centre de droit et d'économie du sport (CDES), qui s'exprimait mercredi dans le cadre d'un débat organisé par le journal Le Monde.

«Le fait d'avoir eu un comportement considéré comme néfaste peut nuire à un joueur» mais cela «ne va pas forcément avoir des répercussions immédiates sur sa carrière», poursuit M. Primault.

Les déboires sportifs ou extra-sportifs n'entament parfois en rien les qualités d'un joueur aux yeux d'un club. Le meilleur exemple? Franck Ribéry, qui vient d'ailleurs de passer à côté de son Mondial.

À son arrivée en Allemagne, le Ch'ti était rapidement devenu le «Kaizer Franck» de la Bundesliga. La saison dernière, ses valse-hésitations autour des offres du Real Madrid avaient fini par lasser les amateurs de foot qui l'avaient rapidement baptisé la «diva». Tout comme une incroyable série de blessures qui lui avait valu le sobriquet de «Krank» Ribéry (le «malade» en allemand, au sens médical du terme).

Sa fin de saison avait été cauchemardesque: entendu comme témoin par la justice française pour avoir eu des relations sexuelles avec une prostituée mineure, il avait touché le fond, en pleine polémique, expulsé en demi-finale de la Ligue des champions pour un mauvais tacle contre Lyon et suspendu en finale.

Mais le Bayern a préféré miser sur son potentiel à long terme: son contrat qui courait jusqu'en 2011 a été prolongé jusqu'au 30 juin 2015, pour un salaire annuel de 10 millions d'euros brut, soit le plus important de l'histoire du club.

Une bonne saison en Ligue des champions et tout sera sans doute oublié et pardonné. L'affiche géante à son effigie surplombe toujours le port de Boulogne. C'est un signe. Et la justice française ne paraît pas avoir l'intention de le mettre en examen.

Concernant la question des parraineurs personnels, l'analyse diverge. Thierry Henry avait été voué aux gémonies mondiales après la main qui qualifia la France au Mondial face à l'Eire en barrage retour le 18 novembre 2009.

«Bien que l'affaire de la main ait écorné la réputation d'Henry, aucun de ses sponsors ne l'a lâché», avait assuré Gilles Dumas, directeur général de Sportlab, une agence de marketing sportif, dans l'Express en mai dernier. «Un soulagement pour l'attaquant français, qui a gagné près de 18 millions d'euros en 2009, dont 11,5 millions environ avec le sponsoring et la publicité», poursuivait L'Express.

Mais un point de non-retour a été franchi au Mondial. Ainsi l'enseigne de restauration rapide Quick a annoncé dès dimanche le retrait des publicités où Nicolas Anelka faisait la promotion de son nouveau sandwich. Le jour où ses partenaires s'étaient mis en grève à l'entraînement par solidarité, après son exclusion du groupe France pour avoir insulté Raymond Domenech à la mi-temps de France-Mexique.

La marque de chips Pringles lui a emboîté le pas lundi: ses publicités où apparaissait Anelka ont été retirées des écrans.