Le Royaume-Uni est entré mardi dans une ère de rigueur, le chancelier Osborne ayant annoncé un plan d'austérité sans précédent, visant à dégager des dizaines de milliards d'euros d'économies, pour éliminer en 5 ans la quasi-totalité du déficit budgétaire légué par le Labour.

Le gouvernement de coalition formé le mois dernier par les conservateurs et les libéraux démocrates «a hérité du plus grand déficit budgétaire en Europe», en valeur absolue, et «ce budget est nécessaire pour restaurer la confiance envers notre économie», a plaidé le chancelier de l'Échiquier George Osborne, en présentant au Parlement son premier budget.

Il a dévoilé un catalogue de mesures visant à éliminer totalement le déficit dit «structurel» sur cinq ans, c'est-à-dire la durée de la législature.

Le déficit structurel correspond à la partie du déficit public qui n'est pas liée à des difficultés temporaires de l'économie, et qui ne va donc pas se résorber automatiquement avec la reprise. Le réduire nécessitera des «réformes structurelles», comme réduire les interventions de l'Etat dans certains domaines ou diminuer le nombre de fonctionnaires.

Le déficit total devrait être quant à lui ramené de 149 milliards de livres (226 millions de dollars CAN), l'équivalent de 10,1% du Produit intérieur brut, sur l'exercice fiscal entamé en avril, à seulement 20 milliards de livres en 2015/2016, soit 1,1% du PIB.

L'essentiel de cette réduction, qui représentera un tour de vis de 40 milliards de livres par an de plus, à la fin de la législature, que ce que prévoyait le Labour, proviendra d'une réduction sans précédent des dépenses publiques.

Le budget de chaque ministère baissera de 25% en moyenne sur quatre ans, hormis ceux de la santé et l'aide au développement, qui seront «sanctuarisés». La répartition précise de ces coupes sera annoncée cet automne.

Les fonctionnaires devront se serrer la ceinture, avec un gel des salaires pendant deux ans sauf pour les plus modestes, et un durcissement de leur régime de retraite.

Côté recettes, la TVA grimpera de 17,5 à 20% en janvier prochain. La taxe sur les plus values de capitaux va gonfler immédiatement, et les banques, après avoir bénéficié de plans de sauvetages colossaux sous les travaillistes, vont passer à la caisse, avec la mise en place l'an prochain d'une taxe qui devrait rapporter à terme 2,4 milliards d'euros par an.

Même la reine Elizabeth devra faire des efforts, avec un gel à 9,5 millions d'euros de sa «liste civile», l'enveloppe que lui verse l'Etat pour ses fonctions officielles.

Mais parallèlement, le chancelier Osborne a annoncé une réforme de l'impôt sur le revenu, à l'initiative des libéraux démocrates, qui permettra d'en exempter près de 900 000 ménages à faibles revenus. Il a également soigné les entreprises avec des mesures ciblées.

L'opposition a critiqué sévèrement ce budget. Harriet Harman, qui dirige le parti travailliste en attendant l'élection du successeur de Gordon Brown, a dénoncé «les mêmes vieux Tories, qui frappent sévèrement les plus faibles».

Elle a aussi dénoncé un budget «mauvais pour la croissance», soulignant que l'OBR, le gendarme des finances publiques, avait abaissé de 2,6% à 2,3% la prévision officielle de croissance l'an prochain, suite à ce budget.

Dans la City, les investisseurs ont bien accueilli ces annonces, faisant remonter la livre au dessus de 1,20 euro, mais les économistes se sont montrés partagés. James Knightley d'ING s'est inquiété de l'ampleur plus élevée que prévu de ce tour de vis, «un processus douloureux qui va limiter la croissance», tandis que Paul Robinson, de Barclays Capital, saluait un budget «assez adroit», avec des mesures en faveur des moins aisés.

L'agence Fitch a estimé que ce plan était de nature à conforter la note «AAA» du pays, tandis que le patron des patrons, Richard Lambert, y a vu «un premier pas sur le chemin du retour à la santé» de l'économie britannique.