À quelques jours du sommet du G20 de Toronto, les Européens refusent d'être sur le banc des accusés et rejettent les appels à faire davantage pour la relance, préférant mettre l'accent sur l'introduction de taxes bancaires et financières.

Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a défendu la stratégie européenne de réduction des déficits, en réponse à une lettre du président américain Barack Obama.

«Si on ne s'attelle pas à ce problème, il n'y aura pas de confiance, et sans confiance, pas de croissance», a déclaré M. Barroso, dans une interview publiée mardi par le quotidien International Herald Tribune.

Dans une lettre publiée vendredi, Barack Obama a demandé aux dirigeants du G20 d'encourager la reprise et d'«apprendre des erreurs commises par le passé, quand les mesures de relance avaient été retirées trop vite».

Confrontés à une crise de la dette sans précédent, les pays européens ont décidé de mettre l'accent sur la réduction de leurs déficits, en annonçant des plans de rigueur pratiquement partout. Le dernier en date est la Grande-Bretagne qui a annoncé mardi une hausse de la fiscalité, notamment la TVA.

Mais les États-Unis s'inquiètent de voir la reprise mondiale étouffée de ce fait.

En Europe, Berlin a annoncé début juin un programme de plus de 80 milliards d'euros d'économies sur quatre ans, qui suscite des craintes pour la croissance.

L'Allemagne ne mène pas «un plan d'austérité radicale» et elle prend «des mesures qui encouragent la reprise», s'est défendue lundi la chancelière Angela Merkel, estimant que personne ne peut dire que Berlin «ne fait pas assez pour la croissance».

Les Européens, qui connaissent une sortie lente de la récession face à un redémarrage rapide des pays émergents, ne veulent pas être considérés comme les principaux responsables de la crise économique actuelle.

«Les autres veulent placer la crise de la dette et l'Europe au centre du sommet du G20 de Toronto» ce week-end, «ils veulent faire croire que le problème aujourd'hui c'est l'Europe. Mais ce serait masochiste de notre part d'accepter cela», souligne un haut responsable européen, sous couvert de l'anonymat.

«La crise financière a débuté aux États-Unis» et ceux-ci «ont un déséquilibre beaucoup plus important» en matière de dette, rappelle notamment cette source.

Les Européens veulent plutôt mettre l'accent lors de la réunion de Toronto sur la nécessité d'aller de l'avant en matière de régulation financière, l'objectif premier du G20, qui s'était fixé en pleine crise comme but de réformer la finance mondiale.

«Nous n'aimerions pas maintenant que cet élan soit perdu», souligne M. Barroso, alors que certains pays, dont les États-Unis, semblent moins enclins que l'Europe à avancer rapidement sur ces sujets.

Le président français Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont appelé à un certain nombre d'avancées dans ce domaine, dans une lettre au premier ministre canadien Stephen Harper, dont le pays préside le G20.

Les Européens entendent notamment promouvoir au G20 une taxe sur les banques pour leur faire payer une partie de la facture de la crise, et défendre un prélèvement visant les transactions sur les marchés financiers.

Deux sujets sur lesquels aucun consensus n'y a jusqu'ici été trouvé. La taxation des banques notamment est soutenue par les États-Unis mais rejetée par le Canada, le Brésil, l'Australie ou l'Inde notamment. Du coup, l'Europe pourrait avancer seule sur la taxe bancaire.

Un certain nombre d'autres discussions avancent lentement, notamment pour créer de nouvelles normes de fonds propres internationales pour les banques.