Andréa Cortellazzi paie des promoteurs externes pour faire monter les titres boursiers dont il est actionnaire, soutiennent deux investisseurs rencontrés par La Presse.

«Le titre végète pendant des mois et explose soudainement de 300% pour ensuite redescendre aussi vite, nous raconte Jean-Marc Lugand, un des investisseurs.

«Andréa Cortellazzi m'a bien expliqué que c'est effectivement lui qui contrôlait tout ça. Il s'entend avec des promoteurs pour faire monter le titre. Il paie chacun de ces promoteurs avec des actions, qui eux travaillent ensuite à doper le titre avec des nouvelles, ce qui attire des investisseurs.

«C'est alors que le titre monte. Lui, Cortellazzi, il sait jusqu'où ça montera. Au moment où le titre est suffisamment élevé, bing, il vend massivement ses actions et empoche. Ces transactions font retomber le titre.»

M. Lugand s'est fait expliquer la stratégie de M. Cortellazzi en août 2009, en présence de son partenaire Frédéric Roy, également investisseur. MM. Lugand et Roy n'avaient jamais investi en Bourse avant de rencontrer M. Cortellazzi.

Andréa Cortellazzi leur a suggéré d'ouvrir des comptes aux États-Unis au nom de leur femme, de leurs enfants et de leurs amis pour participer à l'opération. Le financier leur a parlé de certains promoteurs avec qui il fait affaire, dont un Chinois vivant à Paris et une femme de Munich.

Pump&Dump

Cette technique décrite par le duo d'investisseurs correspond à une manipulation boursière appelée Pump&Dump. Selon Wikipedia, cette technique est «une forme de fraude avec de petits titres boursiers qui implique la hausse artificielle du prix de titres détenus grâce à des nouvelles fausses ou trompeuses, dans le but de vendre des actions bon marché à prix plus élevé. Une fois que l'opérateur du stratagème largue le titre surévalué, le prix tombe et les investisseurs perdent leur argent».

Dans le cas d'un des titres suggérés à MM. Roy et Lugand, l'entreprise a émis 138 communiqués sur les fils de presse depuis six mois. On y annonce des ententes internationales et des projections de vente fabuleuses.

En comparaison, une entreprise établie comme Brault et Martineau a émis 29 communiqués pour la même période. Et dans le cas de MTY Food Group, l'une des vedettes boursières de Montréal qui fait dans la restauration rapide, seulement 14 communiqués ont été publiés.