Les Vingt-Sept ont décidé jeudi à Bruxelles de proposer ensemble «l'instauration d'une taxe sur les transactions financières» lors du G20 de Toronto la semaine prochaine. En ce qui concerne la situation de l'Espagne, les pays de l'Union européenne se sont accordés sur la publication des «stress tests» (tests de résistance) des banques, dans une volonté de transparence pour éviter un nouveau scénario «à la grecque».

«Les membres européens du conseil proposeront au G20 l'instauration d'une taxe sur les transactions financières», a déclaré Nicolas Sarkozy lors d'une conférence de presse à l'issue du conseil européen.

Un autre sujet qui «avance bien», selon le président français, concerne «la volonté de l'ensemble du conseil de se doter d'une taxe sur les banques». Celle-ci aurait une logique assurantielle, dans le but de protéger les épargnants et les contribuables, ou de rembourser les États mobilisés pour sauver des établissements financiers, a-t-il expliqué.

Nicolas Sarkozy a aussi annoncé que le conseil européen avait décidé de publier les «stress tests» - scénarios destinés à tester la résistance des banques en cas de crise. Les résultats seront rendus publics par «tous les pays», «institution par institution», a-t-il ajouté. Les «stress tests» pourront être publiés «avant la fin juillet», a-t-il précisé.

Les États-Unis avaient utilisé cette méthode en 2009 pour démontrer les besoins en recapitalisation des 19 plus grandes banques du pays, dans le cas où ces dernières auraient subi des pertes financières encore plus importantes que prévu. Si un résultat montre qu'un établissement ne dispose pas des ressources nécessaires, il doit alors mettre de l'argent de côté pour faire face à ce risque.

Le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a déclaré à des journalistes que ces tests allaient redonner confiance aux investisseurs dans les banques de son pays et «démontrer que (les) institutions financières (espagnoles) sont correctement gérées, qu'elles fonctionnent».

De son côté, Nicolas Sarkozy a estimé qu'il n'y avait pas d'inquiétude à avoir concernant la situation financière de l'Espagne. «Nous considérons qu'il n'y a pas de problème», a-t-il assuré.

«Nous sommes tous engagés pour que soient menés de front les décisions destinées à renforcer la stabilité financière et (...) à augmenter la capacité de croissance en Europe», a déclaré le président français, faisant le bilan du conseil européen.

«Il y a un assez grand consensus sur la nécessité de renforcer le pacte de stabilité (...), sur la nécessité de renforcer les sanctions pour ceux qui préventivement ou postérieurement ne respecteraient pas leurs engagements» et «pour réduire les écarts de compétitivité entre les différentes économies européennes», a-t-il détaillé.

«L'idée que le conseil de gouvernement des Vingt-sept puisse définir une stratégie commune progresse bien», a-t-il estimé.

«Quand on est dans la zone euro, on doit avoir des règles de surveillance plus fortes que quand on est simplement dans les vingt-sept», a aussi argumenté M. Sarkozy, expliquant avoir eu un «large» débat avec les autres chefs d'Etat et de gouvernement sur le sujet.

«Dorénavant, les mots «gouvernement économique» ne sont plus tabous, au contraire», s'est-il félicité, tout en disant comprendre «la craindre d'une partie des pays européens (...) d'être rejetés dans une Europe qui n'aurait pas les mêmes droits ou qui n'irait pas à la même vitesse».

Le groupe de travail sur le sujet, présidé par Herman Van Rompuy, le président permanent du conseil européen, doit présenter ses propositions lors du prochain conseil européen, en octobre.

Les dirigeants de l'UE cherchent à tout prix à éviter un scénario similaire à la crise de la dette grecque, apparue au mois de mai. Celle-ci a fait craindre une contamination à l'intérieur de la zone euro, où plusieurs pays ont mis en place des plans de rigueur. L'UE et le Fonds monétaire international (FMI) ont également décidé de créer un Fonds européen de stabilité financière (FESF) d'un montant total de 750 milliards d'euros destiné à renforcer l'euro face aux attaques des marchés financiers.