Le plan destiné à sortir la Grèce de sa crise financière est appliqué comme convenu et «le programme est sur les rails», ont indiqué jeudi à Athènes les experts de la mission de l'Union européenne et du FMI venus contrôler les comptes du gouvernement grec.

Les experts de l'UE, de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI) ont constaté «des développements budgétaires positifs», ont-ils précisé dans un communiqué.

La réforme des retraites décidée par le gouvernement socialiste grec «est sur les rails et un accord a été trouvé sur beaucoup de paramètres clés», ont précisé les experts.

Le chef du groupe d'experts du FMI, M. Poul Thomsen, a précisé à la presse qu'il était «légèrement plus optimiste sur la croissance grecque», même s'il était «trop tôt pour revoir les chiffres», qui tablent actuellement sur un recul de -4% pour 2010.

Il a par contre relevé que l'inflation, dont le taux s'établissait en mai à 5,4% sur un an, était «trop élevée», avec une évolution «moins bonne» que celle prévue par le plan de redressement convenu par l'UE et le FMI avec Athènes.

Concernant la réforme des retraites, gros chantier en cours en vue du vote d'une loi fin juin, le représentant de la Commission européenne, Servaas Deroose s'est félicité que la copie gouvernementale soit «totalement en ligne» avec ce qui était prévu entre la Grèce et ses bailleurs de fonds, après la levée de «malentendus» sur un premier avant-projet.

L'accord avec l'UE et le FMI aligne notamment à 65 ans l'âge légal de départ en retraite pour tous, et allonge la durée de cotisations à 40 annuités contre 37 actuellement.

Il s'agit d'une «réforme très ambitieuse mais aussi très sociale et juste», a jugé M. Deroose, alors que les syndicats grecs se sont mobilisés, dénonçant un recul sur les acquis.

Sur la maîtrise des finances publiques, il a indiqué que la prochaine mission de la troïka, prévue fin juillet, se penchera sur les comptes des collectivités locales, où la gabegie est généralisée selon beaucoup d'experts grecs.

M. Deroose s'est félicité d'une hausse «de l'ordre de 5%» depuis janvier des rentrées fiscales, avec notamment une «augmentation de 6% des rentrées de la TVA» au premier trimestre sur un an, alors que la lutte contre une fraude fiscale généralisée figure parmi les priorités du gouvernement.

Il a souligné qu'après la réforme des retraites, l'accent allait être mis sur la réforme du marché du travail, en vue de le rendre plus flexible et de redonner de la compétitivité à l'économie grecque.

Une première mouture présentée par le gouvernement et réduisant notamment les indemnités de licenciement ainsi que le salaire minimum pour les jeunes suscitait déjà un tollé syndical jeudi.

Le représentant de la BCE Klaus Masuch a reconnu que les Grecs allaient «passer un moment difficile» mais souligné que l'actuel gouvernement «n'était pas responsable» de cette situation, imputable à «des années de mauvaises politiques».

Le taux de chômage en Grèce s'est élevé à 11,7% au premier trimestre 2010, contre 9,3% au même trimestre de 2009, a indiqué jeudi l'Autorité de la statistique grecque (ESA), le plus haut taux enregistré depuis dix ans.

Les représentants de l'UE et du FMI se rendront à nouveau à Athènes fin juillet pour établir le premier rapport d'étape officiel sur l'application du plan d'austérité adopté début mai en contrepartie du déblocage de prêts d'un total de 110 milliards d'euros sur trois ans par l'UE et du FMI. Ce rapport doit conditionner le versement de la deuxième tranche de l'aide financière au pays.