Plusieurs dirigeants européens ont cherché mercredi à tempérer l'inquiétude croissante sur la santé financière de l'Espagne, affirmant qu'aucune aide à ce pays n'était programmée et saluant ses efforts pour réduire ses déficits ou réformer son économie.

«Je n'ai aucune indication selon laquelle l'Espagne va se retrouver dans une position telle qu'elle devra demander à utiliser» le fonds de soutien d'urgence récemment mis en place pour les États de la zone euro en grande difficulté, a déclaré le premier ministre du Luxembourg Jean-Claude Juncker.

Il s'exprimait en marge d'une réunion de dirigeants conservateurs européens organisée à Meise, près de Bruxelles, à la veille d'un sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'UE à Bruxelles.

«L'Espagne prend des mesures très courageuses» pour réduire son déficit et réformer son économie, a ajouté M. Juncker, également président de l'Eurogroupe.

La chancelière Angela Merkel a elle aussi salué les efforts entrepris par l'Espagne.

«Je pense qu'il faut regarder ce que l'Espagne a réalisé au cours des dernières semaines, elle a pris des décisions qui sont fortes», a-t-elle déclaré à la presse en arrivant à la réunion.

«Il y a des réformes structurelles à présent, des réformes du marché du travail qui ont été adoptées aujourd'hui par le gouvernement», s'est-elle félicitée.

«Je trouve que nous devrions encourager l'Espagne en soulignant que c'est la bonne voie et que l'Espagne apporte par ce biais une contribution à la compétitivité de toute l'Europe», a ajouté la chancelière.

Le chancelier autrichien Werner Faymann s'est lui aussi voulu rassurant. «Je pense qu'il n'y a pas de raison d'être préoccupé par l'Espagne», a-t-il affirmé, «le premier ministre espagnol a expliqué qu'il était capable de faire face à tous les défis budgétaires» actuels.

Le gouvernement espagnol a approuvé mercredi une réforme du marché du travail, jugée essentielle pour redynamiser l'emploi, mais sans dissiper les inquiétudes grandissantes sur la solidité financière du pays.

Selon le quotidien économique espagnol elEconomista, un plan d'aide à l'Espagne pour éviter une crise de «liquidités» avec une ligne de crédit de 200 à 250 milliards d'euros est en cours «d'élaboration» par «des techniciens de l'UE, du FMI et du Trésor américain».

Tant Madrid que Bruxelles ont démenti.

Les pays de la zone euro ont récemment mis sur pied un fonds de soutien de 440 milliards de garanties de prêt pour les États de l'union monétaire qui comme la Grèce seraient confrontés à de graves difficultés financières, dispositif complété par 310 milliards d'euros de prêts potentiels du FMI et de l'UE.

Le sommet des dirigeants européens jeudi à Bruxelles doit aussi poser les jalons d'un gouvernement économique de l'UE pour mieux coordonner les politiques nationales et durcir la discipline budgétaire commune.

«Nous avons besoin de davantage de coordination», a dit le ministre autrichien des Finances, Josef Pröll.

Toutefois, il a à son tour rejeté l'idée française de créer un gouvernement économique des seuls Etats de la zone euro. «Il faut faire attention en Europe de ne pas créer des niveaux (de décision) supplémentaires qui compliqueraient le travail plutôt que de le faciliter», a-t-il dit.