Le groupe pétrolier britannique BP a annoncé mercredi qu'il ne verserait plus de dividende cette année, après un entretien de ses dirigeants avec le président américain Barack Obama à la Maison Blanche portant sur la marée noire dans le golfe du Mexique.

«Le conseil d'administration de BP a décidé que nous ne verserions plus de dividende cette année», a déclaré le président du groupe Carl-Henric Svanberg à des journalistes à l'issue de cet entretien.

M. Svanberg a par ailleurs confirmé que BP s'était engagé à mettre 20 milliards de dollars sur un compte bloqué «pour faire en sorte que toutes les demandes de dédommagement obtiennent une réponse rapide et équitable».

Ces 20 milliards de dollars, dont M. Obama a précisé qu'ils ne constituaient pas un plafond aux dédommagements que pourrait devoir verser BP, représentent l'intégralité des dépenses d'investissement du groupe l'an dernier, ou deux ans de dividendes.

BP a précisé que le dividende qui devait être versé aux actionnaires lundi prochain, correspondant au premier trimestre de l'exercice, ne serait finalement pas versé, non plus que ceux des 2e et 3e trimestre.

«Le conseil d'administration envisagera la reprise des paiements de dividendes en 2011 au moment de la publication des résultats du quatrième trimestre 2010, espérant à ce moment là avoir une image plus claire de l'impact à long terme» de l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon, a précisé le groupe dans un communiqué.

BP a également indiqué que, dans le cadre d'un «positionnement financièrement très prudent» face à cette catastrophe, le groupe allait réaliser pour 10 milliards de dollars de cession dans les 12 mois à venir.

«Il s'agira d'actifs non stratégiques (..) principalement dans l'amont (l'exploration-production)», a précisé le directeur financier Byron Grote lors d'une conférence avec des analystes.

Il a précisé que l'acquisition de sept milliards de dollars d'actifs de la compagnie américaine Devon Energy n'était en revanche pas remise en cause. «Nous prévoyons toujours de finaliser cela», a-t-il dit.

BP a indiqué qu'il entendait également réduire ses «dépenses d'investissement organiques», mais sans fournir beaucoup de précisions.

Globalement M. Grote a souligné que la création d'un compte bloqué pour les dédommagement - qui ne servira pas à payer d'éventuelles amendes et autres condamnations - devait être perçue comme un élément destiné à dissiper l'incertitude à la fois du public, du gouvernement et des investisseurs.

Dès le troisième trimestre, BP prévoit de verser trois milliards de dollars sur ce compte bloqué, puis encore 2 milliards de dollars au quatrième trimestre. «Cela sera suivi par un versement de 1,25 milliard de dollars tous les trimestres jusqu'à ce qu'un total de 20 milliards de dollars soit versé».

«Durant la constitution de ce fonds, l'engagement de BP sera garanti par des actifs américains de BP d'une valeur de 20 milliards de dollars», a précisé le groupe, et le niveau de ces garanties pourra décliner au fur et à mesure que le fonds sera alimenté en numéraire. Si jamais le fonds n'est pas intégralement utilisé, BP pourra en récupérer le solde.

La mise en place de ce mécanisme «nous permet d'étager notre contribution (..) d'une manière qui, espérons-nous, rassurera les marchés d'obligations et d'actions», a ajouté M. Grote.

«Nous restons notés 'AA' par (les agences d'évaluation financière) Moody's et Standard and Poor's, et nous espérons que les mesures prises aujourd'hui renforceront cette note», la troisième plus haute sur l'échelle de ces organismes, a-t-il dit.

L'agence Fitch a dégradé de six crans d'un coup mardi la dette à long terme de BP, la faisant passer de «AA» à «BBB».