Les autorités européennes sont montées au créneau lundi pour démentir des affirmations de presse selon lesquelles l'Espagne, après la Grèce, s'apprêterait à faire appel à l'aide financière de la zone euro, afin d'éviter un nouveau mouvement de panique.

La préparation d'un tel plan «n'est même pas une hypothèse de travail», a indiqué à Luxembourg le chef de file des ministre des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, à l'issue d'une rencontre avec le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

«Pour la Commission non plus», a renchéri M. Barroso. «La Commission n'a aucunement l'intention de préparer un plan spécifique pour l'Espagne», a-t-il ajouté, alors que des journaux allemands le disent favorable à ce que Madrid ait recours au fonds ce soutien récemment mis sur pied pour les pays de la zone euro en grande difficulté financière.

Le porte-parole de la Commission pour les questions économiques, Amadeu Altafaj, a aussi assuré qu'il n'y a «aucun plan pour fournir une aide financière à quelque Etat membre que ce soit». «C'est une spéculation», a-t-il ajouté.

Même son de cloche en Allemagne. «Les conditions (pour faire appel au plan d'aide de la zone euro) sont déterminées, et à l'heure actuelle ces conditions ne sont manifestement pas remplies» par l'Espagne, a indiqué lundi le porte-parole du ministère des allemand des Finances, Michael Offer, lors d'une conférence de presse.

A Madrid, on réfute de manière identique tout besoin particulier. «L'Espagne n'est pas en train de négocier avec une quelconque institution européenne un financement additionnel», a indiqué le secrétaire d'Etat espagnol à l'Economie et au Budget, Carlos Ocaña.

Le gouvernement espagnol «est en train de travailler pour que ces rumeurs continuent d'être infondées, comme c'est le cas actuellement», a-t-il ajouté.

L'Espagne traverse une grave crise économique qui fragilise le gouvernement en chute libre dans les sondages.

La crise financière conjuguée à l'éclatement de la bulle immobilière espagnole en 2008 ont fait exploser les déficits publics (11,2% du PIB en 2009) et le chômage à 20% de la population active, le double de la zone euro.

Les banques espagnoles éprouvent des difficultés à se refinancer sur le marché interbancaire et l'Etat va devoir affronter des échéances importantes de remboursement de ses emprunts publics à la mi-juillet. Cette période constituera un test pour la suite.

Dans ce contexte, des informations dans la presse allemande font état depuis vendredi d'un plan en préparation pour venir en aide à l'Espagne.

Lundi, le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung a indiqué que José Manuel Barroso et le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet «s'inquièteraient des difficultés des banques espagnoles et plaideraient pour une aide de leurs partenaires européens».

Les ministres des Finances européens ont finalisé la semaine dernière la création d'un fonds d'urgence, qui prévoit 440 milliards de garanties de prêts désormais disponibles pour les Etats qui, comme la Grèce, seraient dans l'incapacité de trouver de l'argent frais sur les marchés financiers.

Ce mécanisme, non encore utilisé, s'ajoute à des prêts de l'Union européenne et du Fonds monétaire international, pour atteindre un total de 750 milliards d'euros.

Le dispositif a été décidé dans l'urgence face aux risques d'extension de la crise budgétaire grecque à l'Espagne ou au Portugal.