L'Office pour la responsabilité budgétaire (OBR), fraîchement créé pour surveiller les finances publiques du Royaume-Uni, a prédit lundi une reprise économique plus faible qu'attendu, compliquant la tâche du ministre des Finances, en pleine préparation d'un budget d'austérité.

L'«Office for budget responsibility» a été créé le 17 mai par le nouveau gouvernement conservateur/libéral démocrate. Rattaché au ministère britannique des Finances, il est censé fonctionner de manière autonome.

En lui confiant la tâche d'évaluer les finances publiques, le gouvernement espère restaurer une crédibilité budgétaire qui a selon lui été sapée par les travaillistes, au pouvoir de 1997 jusqu'aux élections législatives du mois dernier.

En effet, la tradition voulait jusqu'ici que le ministre des Finances bâtisse son budget à partir de prévisions établies par le Trésor (comme c'est le cas en France), ce qui lui valait régulièrement des soupçons de manipuler les chiffres à son avantage.

L'ancien ministre travailliste Alistair Darling avait ainsi été accusé d'avoir bâti son dernier budget, présenté en mars, sur des objectifs de croissance trop optimistes.

L'OBR a conforté cette thèse, en abaissant nettement ce lundi les prévisions de croissance officielles héritées de M. Darling.

S'il table sur une hausse du Produit intérieur brut de 1,3% cette année, pratiquement identique aux 1,25% sur lesquels tablait le gouvernement Labour, il n'attend qu'un taux de 2,6% l'an prochain, loin des 3,25% promis par l'ancien ministre.

L'OBR a aussi réduit l'évolution du PIB attendue entre 2012 et 2014, avec une croissance autour de 2,6% et 2,8%, bien en-dessous des 3,5% espérés par Alistair Darling.

De quoi compliquer la tâche de son successeur, le conservateur George Osborne, qui doit annoncer le 22 juin un budget dit «d'urgence», dans lequel il a promis de s'attaquer à un déficit public record en Europe en termes absolus.

L'OBR a toutefois revu à la baisse les prévisions de déficit public pour l'exercice budgétaire 2010/2011 entamé en avril, et les suivants. Il prévoit ainsi un déficit de 10,5% cette année, au lieu des 11,1% prévus, à 155 milliards de livres, soit environ 186 milliards d'euros.

Mais cette nouvelle positive a été tempérée par le relèvement de l'estimation du déficit dit «structurel», c'est-à-dire la part qui n'est pas liée aux effets de la crise, et qui ne pourra être réduite durablement qu'à coup de réformes du fonctionnement et des missions de l'Etat.

Le «gendarme du budget», comme l'ont surnommé les médias, a en effet évalué ce déficit structurel à 8,8% cette année, alors que l'ancien gouvernement l'estimait à 8,4%.

Pour les économistes, ces prévisions devraient conforter George Osborne et l'inciter à présenter des mesures d'austérité la semaine prochaine, sous la pression des agences de notation qui ont menacé de retirer au pays sa sacro-sainte note «triple A» faute d'un plan crédible d'assainissement des finances publiques.

«Les autres pays européens montrent que nous ne devons pas vivre au-dessus de nos moyens», a d'ailleurs réagi l'intéressé sur la chaîne Sky News.

Après avoir promis d'alléger les dépenses publiques d'une première tranche de 6,2 milliards de livres, il devrait chercher à gonfler les recettes de l'Etat, par exemple en augmentant la TVA.

«La légère hausse du déficit structurel signifie que le gouvernement devra présenter un plan de réduction du déficit plus agressif. Les agences de notation ont été jusqu'ici patientes, mais c'est un examen que le gouvernement ne peut pas se permettre de rater», a renchéri Hetal Mehta, du cercle d'économistes Item d'Ernst & Young.