Les attaques de la Maison Blanche contre BP, à l'origine de la plus grave marée noire de l'histoire américaine, alimentent les craintes sur la santé à long terme du géant pétrolier britannique et les spéculations sur son possible rachat par un concurrent.

Alors que l'action de BP chute en Bourse, que les coûts de nettoyage et d'indemnisation liés à la catastrophe s'envolent et que les attaques du président Barack Obama se durcissent, l'hypothèse d'un rachat de BP est maintenant ouvertement discutée par les investisseurs.L'action BP a perdu 43% de sa valeur depuis l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon le 20 avril, soit plus de 80 milliards de dollars de capitalisation boursière évaporée.

Le géant blessé peut désormais sembler une proie facile pour des concurrents riches en liquidités comme les opérateurs pétroliers publics chinois. La banque britannique Standard Chartered a évoqué une possible prise de contrôle par le géant PetroChina.

Standard Chartered admet que tout effort des Chinois pour mettre la main sur ce fleuron de l'industrie britannique déclencherait une levée de boucliers. Mais cette éventualité tomberait sous le sens en termes stratégiques, car elle donnerait naissance à un nouveau numéro un mondial du secteur.

«Nous nous attendons à ce que la Chine soutienne une telle transaction mais à ce que les régulateurs aux Etats-Unis s'inquiètent de menaces pour la concurrence», ajoute Standard Chartered dans une note à ses clients.

D'autres experts soulignent que d'autres concurrents de BP comme l'anglo-néerlandais Shell ou l'américain ExxonMobil, numéro un mondial, convoitent probablement le groupe en difficulté.

«Les rumeurs ont commencé il y a quelques semaines. Ce n'est que de la spéculation pour l'instant, mais quand vous voyez la valeur de l'action qui a tellement chuté, cela attire l'attention des investisseurs», tempère Phil Flynn, analyste chez PFG Best.

Les éventuels prédateurs pourraient toutefois être refroidis par la perspective de prendre à leur compte les innombrables procès et les dommages et intérêts astronomiques qui planent sur BP.

«Jusqu'à ce qu'on y voit plus clair» sur un durcissement potentiel de la réglementation aux Etats-Unis «et sur les risques qui pèsent sur BP, qui va se lancer dans un achat maintenant ?», s'interroge Phil Flynn.

L'entreprise doit en tout cas prouver qu'elle a les ressources financières pour nettoyer la pire marée noire aux Etats-Unis depuis celle de l'Exxon Valdez et répondre aux demandes de Washington.

L'administration Obama demande que BP paie non seulement le nettoyage du pétrole qui souille le Golfe du Mexique mais aussi les dédommagements liés à la suspension du forage dans la région, qui met en péril des milliers d'emplois.

D'après l'Institut américain du pétrole (API), un groupe de défense du secteur pétrolier, le moratoire sur le forage va engendrer la disparition de 42.600 emplois et coûter jusqu'à 330 millions de dollars en salaires perdus.

Le ministre de la Justice de Floride demande que BP dépose 2,5 milliards de dollars sur un compte destiné à financer le nettoyage et les indemnisations.