Les sociétés minières canadiennes qui sont actives en Afrique du Sud - il y en a une quinzaine - font peu de cas des volontés de nationalisation de l'industrie minière de Julius Malema, président de l'aile jeunesse de l'ANC, le parti au pouvoir.

«C'est une tempête dans un verre d'eau», note un dirigeant canadien qui hésite à se prononcer publiquement sur une question de politique intérieure, comme nombre de ses confrères.

Lorsque le ministre canadien du Commerce international, Peter Van Loan, a rencontré des dirigeants de l'industrie minière, lors d'une mission en Afrique du Sud ce printemps, personne ne l'a saisi du problème, observe même Barbara Giacomin, déléguée commerciale principale du Haut-commissariat du Canada à Johannesburg. Les sociétés minières canadiennes se soucient bien plus des délestages d'électricité à répétition ou encore des lenteurs bureaucratiques, note-t-elle.

Adam Habib, vice-chancelier de l'Université de Johannesburg, relativise lui aussi les choses. «Malema est le porte-voix de gens d'affaires qui ont été floués en devenant les actionnaires noirs de sociétés minières en vertu du BEE, dit ce professeur de sciences politiques. On leur a cédé les propriétés les plus ingrates. Ces gens rêvent de se faire nationaliser pour se sortir du pétrin et récupérer leur investissement.»