La Banque d'Angleterre (BoE) a maintenu jeudi, comme prévu, son taux directeur à 0,5%, et la suspension de son programme de rachats d'actifs dont le montant a été épuisé en janvier, à l'issue de sa réunion mensuelle de politique monétaire.

La banque centrale britannique n'a fait aucun commentaire sur cette décision.

Afin d'aider une économie en profonde récession, la Banque d'Angleterre a abaissé son taux directeur jusqu'au niveau historiquement bas de 0,5%, auquel il est resté fixé depuis mars 2009, mais elle a aussi relevé début novembre son programme de rachat d'actifs (dit d'assouplissement quantitatif) à 200 milliards de livres, montant épuisé depuis fin janvier.

«Comme attendu, le Comité de politique monétaire (de la BoE) a maintenu son taux directeur à 0,5%, du fait d'une reprise économique qui reste molle et fragile, et des restrictions qui s'appliqueront à la politique budgétaire» au Royaume-Uni, commentait Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight.

Ainsi, «les menaces sur la croissance britannique liées aux difficultés de la zone euro ont pesé plus lourd dans la balance que la pression du pic de l'inflation en avril», poursuivait l'économiste.

L'inflation a atteint son niveau le plus élevé depuis 17 mois en avril, mais le gouverneur de la Banque d'Angleterre Mervyn King a mis cette poussée des prix sur le compte de facteurs temporaires, estimant que l'inflation allait retomber au cours de l'année.

Dépassant nettement les attentes des économistes, les prix à la consommation ont en effet progressé de 3,7% sur un an au Royaume-Uni en avril (la publication de mai aura lieu mardi), selon l'Office des statistiques nationales (ONS). Ce chiffre a dépassé nettement les attentes des économistes et il s'écarte sensiblement de la cible de 2% de hausse annuelle des prix que s'est fixée la Banque d'Angleterre (BoE).

De toutes façons, «il était peu probable que le Comité agisse avant de connaître les mesures sinistres que comprendra le budget d'urgence du 22 juin», établi par le nouveau gouvernement britannique, notait M. Archer.

Le Premier ministre David Cameron a d'ores et déjà prévenu qu'il y aurait des mesures «inévitablement douloureuses» dans ce budget.

Il a par ailleurs laissé entrevoir une révision à la baisse de la croissance du PIB anticipée par le gouvernement travailliste sortant pour 2011, à 3%, mais qui pourrait être abaissée à 2%.

Le Royaume-Uni présente actuellement le plus gros déficit des 27 pays de l'Union européenne, avec 156,1 milliards de livres sur l'année budgétaire achevée fin mars, soit 11,1% de son PIB.

Le défi budgétaire auquel est confronté le Royaume-Uni est «gigantesque», a ainsi jugé mardi l'agence de notation Fitch, estimant que le pays devra adopter des mesures de réduction du déficit plus rapides que celles prévues par l'ancien gouvernement travailliste.

«Une croissance faible, une inflation bénigne, et une politique budgétaire étriquée devront être compensées par une politique monétaire plus souple, un ensemble typiquement négatif pour une monnaie», prévenait James Knightley, économiste chez ING, qui prévoit un affaiblissement de la livre sterling jusqu'à 1,34 dollar dans les quatre mois à venir.

Ainsi, la BoE ne devrait pas relever son taux directeur avant 2011, anticipaient des économistes.