La devise nationale hongroise, le forint, la Bourse de Budapest ainsi que les couvertures de défaillance de la Hongrie (CDS, credit default swap) ont toutes chuté après des déclarations alarmistes quant à la situation économique du pays d'hommes forts du parti au pouvoir, le Fidesz.

En 24 heures, le forint a chuté de 272 HUF/EUR à 287 HUF/EUR vendredi matin, soit une dépréciation de 5,5%, tandis que la Bourse de Budapest, après avoir clôturé jeudi en baisse de 1%, poursuivait sa chute ce matin à -3,14% et cela alors que les indices boursiers des autres pays de la région étaient orientés à la hausse. Les CDS sont montés de 255 à 305 points de base, leur pire niveau depuis juillet 2009.

Alors que la Hongrie, afin d'éviter une banqueroute de l'État, est depuis l'automne 2008 sous perfusion de 20 milliards d'euros mis à disposition par le Fonds monétaire international (FMI), l'Union européenne (UE) et la Banque centrale européenne (BCE), cette nouvelle dérive financière fait suite à des propos alarmistes de dirigeants du Fidesz, qui a formé le nouveau gouvernement de centre-droit il y a une semaine et dispose d'une majorité des deux-tiers au Parlement.

Mihaly Varga, secrétaire d'État auprès du Premier ministre Viktor Orban et spécialiste économique du Fidesz, a annoncé que le déficit public pourrait grimper jusqu'à 7,5% du Produit intérieur brut (PIB) en 2010, alors que la feuille de route adoptée par le gouvernement socialiste précédent, en accord avec le FMI, ne prévoyait que 3,8%.

Le vice-président du Fidesz, Lajos Kosa, a, lui, annoncé que la situation économique hongroise était «tellement critique, qu'elle était comparable à celle de la Grèce» et que la «faillite de l'État» était «proche».

En visite à l'UE à Bruxelles, Viktor Orban a déclaré qu'il allait rapidement faire adopter des mesures pour rendre l'économie hongroise plus compétitive. Mais ces mesures augmenteraient considérablement les dépenses, alors que le président de la Commission européenne, le Portugais Jose Manuel Barroso, lui a demandé des efforts supplémentaires pour améliorer la consolidation du budget hongrois.

Du côté des analystes, Lee Hardman, économiste de la Bank de Tokyo Mitsubishi UFJ à Londres, a toutefois estimé que la situation de la Hongrie n'était «pas directement comparable» à celle de la Grèce.

Et un analyste de la Commerzbank, Ulrich Leuchtmann, estime qu'il s'agit de tactique politique: pour remporter les élections, Viktor Orban a promis d'importantes baisses d'impôts, qu'il n'est pas en mesure de concrétiser compte tenu du déficit public. Il fallait donc noircir le tableau de la gestion du gouvernement précédent pour expliquer «qu'il n'y a pas d'alternative à la consolidation budgétaire».

La banque néerlandaise ING est également dubitative, indiquant qu'elle «ne partage pas l'évaluation radicale de Mihaly Varga quant au niveau de déficit du pays» et «s'interrogeant sur les raisons: mauvaise communication ou absence de plan?».

Quoi qu'il en soit, la crédibilité financière de la Hongrie est de nouveau mise en cause sur les marchés et, en conséquence, le gouvernement hongrois, par la voix d'un porte-parole du Premier ministre, a promis vendredi des chiffres concrets avec un plan de réformes pour lundi prochain.