Croissance ou déficit? La France n'a désormais plus le choix, selon Nicolas Sarkozy, qui a décrété «priorité nationale» le redressement des comptes publics et se défend d'avoir changé de discours sous «la pression des marchés» ou de l'Allemagne.

«Nous devons aujourd'hui reprendre le chemin de l'équilibre de nos finances publiques» car «le déficit ne peut pas raisonnablement rester à son niveau de sortie de crise sans constituer une menace pour la croissance future», a plaidé jeudi dernier le chef de l'État à l'issue d'une conférence sur les déficits.

La «rigueur» serait nocive, mais les économies budgétaires ne sont pas «incompatibles avec une stratégie de croissance, au contraire», a-t-il insisté.

La France attend cette année un déficit historique de 8% de son produit intérieur brut (PIB).

Sur fond de crise grecque et de débâcle de la monnaie unique, le président Sarkozy s'est une nouvelle fois engagé à ramener le déficit public à 6% en 2011 et 4,6% en 2012, comme promis à Bruxelles.

Alors qu'il envisageait récemment un assouplissement du pacte de stabilité européen, il s'est rallié au «principe de nouvelles sanctions» contre les pays de la zone euro dont les déficits sont trop importants, défendu par Berlin.

Réforme de la Constitution

Plus encore, M. Sarkozy a annoncé une réforme de la Constitution qui obligerait chaque nouveau gouvernement à s'engager notamment sur une date de retour à des comptes à l'équilibre.

«C'est une annonce encourageante de nature à donner des gages à tous les investisseurs: domestiques, internationaux, dans l'industrie ou les marchés financiers. Cette proposition contribue à renforcer la confiance dans le fait que la France s'attaque à son problème de finances publiques», juge Hervé Boulhol, économiste chargé de l'Hexagone à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

«S'il n'y avait pas de problème de viabilité de la dette publique, on pourrait envisager des mesures de relance et on aurait sans aucun doute un impact direct sur la croissance», explique-t-il. Mais dans la situation de la France, «ne pas s'attaquer au problème des finances publiques aurait l'effet pervers de pousser les ménages à épargner en prévision de hausses d'impôts futures, ce qui réduirait la consommation aujourd'hui», ajoute-t-il.

Or la consommation, traditionnel moteur de la croissance française, ne redémarre que poussivement.

«Ce qui est très important pour rendre la confiance c'est de montrer qu'on a un plan et qu'à l'arrivée les choses seront rétablies» mais «il ne faut pas le faire à marche forcée», a insisté le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn.