Le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, a soutenu mercredi l'Allemagne dans sa démarche d'interdire certaines ventes à découvert sur les marchés et invité les régulateurs européens à étudier une action concertée sur ce thème.

«Nous sommes d'accord avec l'Allemagne sur la nécessité de freiner l'utilisation abusive des ventes à découvert», a déclaré M. Barroso à Madrid.

L'Autorité allemande des marchés financiers (Bafin) a annoncé mardi l'interdiction de certaines ventes à découvert, des produits financiers extrêmement spéculatifs portant notamment sur les emprunts d'États de la zone euro, jusqu'au 31 mars 2011.

«La Commission européenne invite aujourd'hui le Comité européen des régulateurs (le CESR, ndlr) a évaluer rapidement si les conditions qui ont conduit les autorités allemandes à cette conclusion se retrouvent dans d'autres parties de l'Europe», a-t-il ajouté.

«Des actions adoptées par d'autres autorités nationales, coordonnées au niveau européen, renforceraient les actions de chaque nation et ajouteraient de la valeur et du poids au message transmis aux marchés», a-t-il soutenu.

Les ventes à découvert sont une technique boursière qui permet à des opérateurs de marché, grâce à des mécanismes financiers sophistiqués, de vendre des titres qu'ils ne possèdent pas encore, avec l'espoir de les racheter à un moindre prix.

La décision allemande a surpris les marchés, et les places européennes étaient en recul mercredi après-midi.

Un peu plus tôt, le Commissaire chargé du Marché intérieur et des services financiers, le français Michel Barnier avait déclaré «comprendre» les préoccupations allemandes.

Il a estimé qu'il «serait utile d'évoquer ce sujet lors de la réunion des ministres des Finances européens prévue ce vendredi».

La ministre française de l'Economie Christine Lagarde a émis mercredi des réserves sur la décision de Berlin.

«Pour des besoins des liquidités, il n'est pas inutile que ça (les transactions sur le marché obligataire: ndlr) puisse continuer à fonctionner sans que soit interdite la vente à découvert», a déclaré la ministre, regrettant que les «États concernés par la mesure» n'aient pas été consultés.

Les ventes à découvert ont été à de nombreuses reprises montrées du doigt depuis le début de la crise financière. Elles ont été plusieurs fois suspendues, ou limitées, dans les grandes places financières du monde.

L'interdiction prononcée en Allemagne porte sur les ventes à découvert touchant les emprunts d'États de la zone euro, sur certains types de CDS (Credit default swaps, soit des couvertures contre le risque de faillite d'un pays ou d'une entreprise), et sur les actions de 10 institutions financières (banques et assurances).