Forte de sa croissance spectaculaire, la Chine est devenue le chef d'orchestre de la plupart des marchés de matières premières, une évolution confortée en 2009 par la reprise très molle des économies occidentales, selon le dernier rapport Cyclope, «bible» de ces marchés.

La Chine est aujourd'hui le premier importateur mondial de tous les métaux non ferreux, de laine, de caoutchouc, de soja, le deuxième de pétrole, de charbon...

«Il est plus facile d'énumérer les secteurs où elle ne pèse pas», note Philippe Chalmin, professeur d'histoire économique à Paris-Dauphine et coordinateur de ce rapport annuel, publié mardi. Les Chinois sont peu friands de blé, de café, de cacao et de sucre. Ils influent peu sur les cours du riz car ils sont auto-suffisants.

«Pour le reste, le pays est incontournable», y compris sur les marchés de l'art, du vin ou des petits métaux, tels que le gallium (utilisé dans les panneaux solaires).

Avec une croissance de près de 12% au premier trimestre 2010, la Chine est sans doute passée devant le Japon et occupe à présent le deuxième rang mondial, derrière les États-Unis. D'autant qu'elle minimise probablement ses taux de croissance, selon Philippe Chalmin, qui les estime plus proches de 14-15% pour début 2010.

En 2009, elle avait détrôné l'Allemagne de sa place de premier exportateur mondial. Elle est aussi le premier marché mondial automobile.

«La position de la Chine est devenue telle sur l'ensemble des marchés mondiaux» qu'elle détient in fine l'arme des matières premières, en tant qu'importateur solvable de dernier recours, estime le rapport.

«Elle peut désormais utiliser sa puissance d'achat comme une véritable arme diplomatique» et par exemple signer pour 60 milliards de dollars de «crédits contre pétrole et gaz» en 2009, «ramenant dans sa mouvance des pays comme le Kazakhstan et le Turkménistan».