À un mois environ de la tenue du sommet des pays membres du G20 à Toronto, le gouvernement Harper lance une vaste offensive pour tuer dans l'oeuf l'idée d'imposer une nouvelle taxe mondiale aux institutions bancaires.

Cinq ministres influents prendront part aujourd'hui à cette offensive dans quatre villes: Washington, Shanghai, Bombay et Ottawa. Leur message sera le même: il est nettement préférable d'adopter une réglementation plus stricte des marchés financiers et des banques, à l'origine de la crise économique de 2008, que d'imposer une nouvelle taxe mondiale sur les institutions financières.

 

Le ministre du Commerce international, Peter Van Loan, sera le messager du gouvernement Harper à Washington. Il prononcera un discours devant la Chambre de commerce des États-Unis. Le président du Conseil du Trésor et responsable de la porte d'Asie-Pacifique, Stockwell Day, livrera le même message devant le Conseil des gens d'affaires Canada-Chine à Shanghai. Le ministre des Finances, Jim Flaherty, en fera autant devant les membres de la Confédération des industries indiennes à Bombay, en Inde.

Enfin, le ministre de l'Industrie, Tony Clement, et le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, expliqueront les raisons qui poussent le gouvernement Harper à hausser le ton dans ce dossier au cours d'une conférence de presse à Ottawa. «Il est important de bien faire connaître notre message non seulement au Canada, mais aussi partout dans le monde. Nous sommes seulement à quelques semaines du sommet du G20. Il faut maintenir la pression jusqu'à la tenue du sommet», a affirmé une source gouvernementale hier.

L'idée d'imposer une nouvelle taxe aux institutions bancaires a vu le jour après que plusieurs pays eurent été contraints de venir à la rescousse de plusieurs banques menacées de faillite et croulant sous le poids de mauvaises créances.

L'Union européenne souhaite l'imposition d'une telle taxe tout comme les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne et la France. En outre, le Fonds monétaire international recommande à tous les pays du G20 d'imposer une taxe aux institutions financières.

Durant le dernier sommet Canada-Union européenne, au début du mois, à Bruxelles, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a plaidé en faveur de l'imposition d'une taxe mondiale aux banques qui pourrait permettre de constituer une sorte de «fonds d'assurance collective» pour venir en aide aux banques à l'avenir si le besoin se manifeste.

Le Canada est l'un des pays qui ont exprimé le plus farouchement leur opposition à cette idée étant donné que le système bancaire canadien a résisté à la crise économique et est perçu comme l'un des meilleurs au monde. Le premier ministre Stephen Harper a déjà fait valoir qu'imposer une telle taxe punirait injustement les institutions qui ont respecté les règles et géré leurs capitaux avec prudence.

En outre, le gouvernement Harper soutient que la création d'un fonds pour le sauvetage éventuel de banques encouragerait les institutions à se lancer dans de nouvelles opérations jugées à risque en sachant que leur survie ne serait en fin de compte pas en jeu. L'Australie et le Brésil partagent aussi les craintes du Canada.

Cet enjeu risque d'être une des pommes de discorde au prochain sommet du G20 prévu à la fin de juin à Toronto. Le mois dernier, les ministres des Finances des pays membres du G20 se sont réunis à Washington et n'ont pu s'entendre sur cette question.