Les ministres des Finances de la zone euro se sont dits préoccupés lundi par la chute rapide de l'euro et ont promis de redoubler d'efforts pour réduire leurs déficits, afin d'enrayer la crise de confiance qui continue d'ébranler l'Union monétaire.

Les grands argentiers des 16 pays partageant l'euro se sont retrouvés vers 11h à Bruxelles pour leur réunion mensuelle, dans un contexte d'inquiétude renouvelée et de dégringolade de la monnaie unique.

L'euro a plongé lundi à son plus bas niveau depuis quatre ans face au billet vert à 1,2234$, plombé par les inquiétudes sur la santé budgétaire de la zone euro, avant de regagner un peu de terrain.

«Je ne suis pas préoccupé par le taux de change actuel (de l'euro) mais par la vitesse à laquelle le taux de change s'est détérioré», a déclaré le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, en arrivant à la réunion.

Les craintes pour la dette des pays européens persistent malgré le plan de soutien à la zone euro de 750 milliards d'euros mis en place il y a seulement huit jours, afin d'éviter une contagion de la crise grecque à d'autres États en difficulté.

La Commission européenne a proposé dans la foulée d'imposer dès 2011 un examen de l'UE des budgets des pays avant que leurs parlement nationaux soient saisis, pour s'assurer que les déficits restent sous contrôle.

Mais certains pays, l'Allemagne en tête, sont déterminés à aller plus loin.

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a exhorté lundi ses partenaires de la zone euro à «réduire les déficits et renforcer le Pacte de stabilité», qui limite en principe le niveau des déficits nationaux à 3% du produit intérieur brut. Une idée largement partagée par ses homologues.

Mais il n'a par ailleurs pas écarté l'idée de faire inscrire dans la constitution des autres pays de la zone euro un plafond pour les déficits, comme l'a fait l'Allemagne l'an dernier.

«C'est une question» qui doit être discutée et qui fait partie des leçons éventuelles à tirer de la crise, a-t-il dit.

Une nouvelle disposition de la Constitution allemande, visant à limiter l'endettement du pays, oblige Berlin à réduire son déficit à partir de 2011 et à le restreindre d'environ 10 milliards d'euros par an d'ici 2016 pour le limiter à 0,35% du produit intérieur brut (PIB).

Appliquée à l'ensemble des pays de la zone euro, une telle mesure reviendrait à adopter une discipline budgétaire bien plus importante et à renforcer drastiquement le Pacte de stabilité européen.

«Il faut voir dans quelle mesure une telle disposition pourrait trouver l'adhésion générale de tous», a estimé M. Juncker, tout en soulignant que «nous devons tout faire et nous ferons tout pour réduire le niveau de la dette publique en Europe».

«Il faut agir de manière beaucoup plus déterminée» sur les déficits, a jugé de son côté le ministre autrichien des Finances Josef Pröll, qui a également fait part de son intention d'augmenter la pression sur le Portugal et l'Espagne pour des économies budgétaires.

Ces deux pays ont déjà annoncé la semaine dernière de nouvelles mesures d'austérité: baisse des salaires des fonctionnaires en Espagne, hausse de la TVA, surtaxe extraordinaire de 1% ou 1,5% selon le revenu au Portugal.

Les ministres des Finances de la zone euro lundi, puis ceux de l'ensemble de l'UE mardi, doivent examiner ces mesures.

L'Italie planche elle aussi sur un nouveau tour de vis, comprenant entre autres un gel des salaires des fonctionnaires et des coupes budgétaires.