Les ministres des Finances de la zone euro se réunissent lundi sous pression pour tenter d'enrayer la crise de confiance qui continue d'ébranler l'Union monétaire et d'accentuer l'effort de contrôle de leurs déficits, un effort souhaité notamment par l'Allemagne.

Les grands argentiers des seize pays partageant l'euro se retrouvent à partir de 10h00 ce matin à Bruxelles, dans un contexte d'inquiétude renouvelée et de dégringolade de la monnaie unique.

L'euro a plongé lundi à son plus bas niveau depuis quatre ans face au billet vert à 1,2234$ US, et les Bourses asiatiques ont chuté dans la foulée.

Les craintes pour la dette des pays européens persistent malgré le plan de soutien à la zone euro de 750 milliards d'euros mis en place il y a seulement huit jours, afin d'éviter une contagion de la crise grecque à d'autres Etats en difficulté.

La Commission européenne a proposé dans la foulée d'imposer dès 2011 un examen de l'UE des budgets des pays avant que leurs parlement nationaux soient saisis, pour s'assurer que les déficits restent sous contrôle.

Mais certains pays, l'Allemagne en tête, sont déterminés à aller plus loin.

Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, soutenu par l'Autriche, va plaider auprès de ses collègues de la zone euro pour un programme concerté de réduction des déficits budgétaires, ont indiqué plusieurs journaux.

Selon le quotidien britannique Financial Times lundi, il s'agit de faire inscrire dans la constitution des autres pays de la zone euro un plafond pour les déficits, comme l'a fait l'Allemagne l'an dernier.

Une nouvelle disposition de la Constitution allemande, visant à limiter l'endettement du pays, oblige en effet Berlin à réduire son déficit à partir de 2011 et à le restreindre d'environ 10 milliards d'euros par an d'ici 2016 pour le limiter à 0,35% du Produit intérieur brut (PIB).

Appliquée à l'ensemble des pays de la zone euro, une telle mesure reviendrait à adopter une discipline budgétaire bien plus importante et à renforcer drastiquement le Pacte de stabilité européen, qui fixe à 3% du PIB la limite de déficit à ne pas dépasser.

Côté français, un diplomate indique «que le président Nicolas Sarkozy s'est dit prêt à réfléchir» à la question, tout en faisant valoir qu'il faudrait s'assurer de pouvoir tenir un tel objectif «au risque sinon de décrédibiliser la constitution».

La chancelière allemande Angela Merkel a déjà souligné la semaine dernière que les mesures envisagées pour l'instant par la Commission pour durcir la surveillance budgétaire n'étaient «pas encore» suffisantes.

Elle a estimé dimanche que la zone euro n'avait fait que «gagner du temps» avec les plans de soutien, et souligné que les vrais problèmes, de «disparités en termes de compétitivité et d'écarts de déficits», restaient à régler.

Le ministre autrichien des Finances Josef Pröll a lui fait part de son intention d'augmenter la pression sur le Portugal et l'Espagne pour des économies budgétaires.

Ces deux pays ont déjà annoncé la semaine dernière de nouvelles mesures d'austérité: baisse des salaires des fonctionnaires en Espagne, hausse de la TVA, surtaxe extraordinaire de 1% ou 1,5% selon le revenu au Portugal.

Les ministres des Finances de la zone euro lundi, puis ceux de l'ensemble de l'UE mardi, doivent examiner ces mesures.

L'Italie planche elle aussi sur un nouveau tour de vis, comprenant entre autres un gel des salaires des fonctionnaires et des coupes budgétaires.

Plusieurs responsables européens ont tenté de rassurer lundi. L'euro n'était «pas en danger», a notamment affirmé la ministre française de l'Economie Christine Lagarde.