Les dirigeants de la zone euro se réunissent en sommet vendredi soir pour tenter d'endiguer la crise grecque et de stopper la contagion qui menace, en posant les jalons d'un durcissement de la discipline budgétaire et d'une réforme de l'Union monétaire.

C'est seulement la seconde fois depuis la création de la zone euro en 1999 que ses dirigeants se réunissent sans leurs homologues du reste de l'UE.

Le tout premier sommet de ce type s'était déroulé à l'automne 2008 à Paris sur la crise bancaire.

Cette réunion, qui commencera vers 19H00 heure de Paris, à Bruxelles, intervient alors que la tempête financière prend des allures d'ouragan: les craintes de contagion de la crise grecque déstabilisent l'Europe, les Bourses et l'euro plongent, tandis que le taux auquel l'État grec doit emprunter sur les marchés à dix a atteint vendredi matin un nouveau record historique.

Signes de l'ampleur mondiale que les turbulences commencent à prendre: les ministres des Finances des grands pays industrialisés du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon) ont prévu de se consulter par téléphone dans la journée.

Face à la tourmente, les chefs d'État et de gouvernements des seize pays partageant l'euro vont tenter de rassurer, en formalisant tout d'abord l'accord obtenu dimanche sur le plan de sauvetage sans précédent de la Grèce de 110 milliards d'euros sur trois ans avec le FMI.

Il a été adopté jeudi par le Parlement grec et validé vendredi par les députés allemands.

Les marchés doutent toutefois que la Grèce parviendra à redresser ses finances publiques, tandis que les tensions sociales s'aggravent dans le pays.

Ils craignent aussi que la crise se propage à d'autres pays comme l'Espagne et le Portugal, et se demandent si l'Union monétaire a les moyens de résoudre cette crise inédite depuis sa création. Voire si elle survivra au défi inédit qu'elle affronte.

Les dirigeants européens sont attendus au tournant après avoir été très critiqués pour le temps qu'ils ont mis à se mettre d'accord sur le plan de prêts à la Grèce, en raison des réticences allemandes.

«La capacité d'action et de réaction de la zone doit être (...) accélérée», a estimé vendredi le Premier ministre démissionnaire belge Yves Leterme, ajoutant qu'il fallait «saisir la chance historique» qui se présente pour instaurer «au plus vite» une gouvernance économique renforcée.

Les chefs d'État et de gouvernement devraient souligner la nécessité de renforcer la discipline budgétaire, de mieux coordonner leurs politiques économiques et de lutter plus efficacement contre la spéculation financière.

Le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont plaidé en ce sens jeudi, demandant un durcissement du Pacte de stabilité, qui encadre la surveillance des déficits.

Cela passera par «des sanctions plus efficaces» mais aussi par une meilleure harmonisation des budgets nationaux, ont-ils dit.

L'Allemagne insiste surtout pour que les pays laxistes puissent être privés de certaines subventions européennes, de droits de vote dans l'UE et qu'un mécanisme de mise en faillite des Etats soit prévu.

Les dirigeants de la zone euro devraient aussi plaider pour une meilleure régulation des marchés financiers et discuter notamment de l'idée de créer une agence de notation européenne, face aux organismes américains accusés de jeter de l'huile sur le feu.

Mme Merkel a jugé qu'elle «pourrait être utile». Les Européens doivent «réfléchir sur le rôle des agences de notation dans la propagation des crises», indique aussi la lettre de Mme Merkel et M. Sarkozy.