Le Parlement grec a approuvé jeudi le nouveau plan de rigueur que le gouvernement considère comme l'unique solution pour éviter la faillite de la Grèce, grâce aux prêts de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI).

«Aujourd'hui, les choses sont simples: soit nous votons et appliquons l'accord, soit nous condamnons la Grèce à la faillite», a lancé avant le vote le premier ministre, Georges Papandréou, qui dispose d'une confortable majorité socialiste au Parlement. «Certains le veulent (la faillite), spéculent et espèrent que cela va arriver. Nous, moi, nous ne le permettrons pas. Nous ne permettrons ni la spéculation contre notre pays, ni à la faillite d'arriver», a-t-il dit.

«La seule façon pour notre pays d'éviter la faillite et la suspension des paiements (des échéances de la dette publique) est de prendre l'argent de nos partenaires européens et du Fonds monétaire international», a insisté le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou.

Le plan de rigueur a été adopté par 172 voix contre 121 lors d'une séance très dramatique. Le premier ministre a expulsé du groupe parlementaire socialiste trois députés qui s'étaient abstenus, réduisant légèrement sa majorité, à 157 sièges sur 300. De son côté, le chef de l'opposition conservatrice, Andonis Samaras, a mis dehors l'ancienne ministre des Affaires étrangères Dora Bakoyiannis qui avait voté pour. Nouvelle démocratie (ND) détient désormais 90 sièges.

Pour obtenir l'aide de 110 milliards d'euros sur trois ans, dont 45 milliards dès cette année, cofinancée par les 15 autres pays de la zone euro et le FMI, Athènes a élaboré un programme d'austérité draconien qui prévoit notamment des réductions de salaire et des retraites des fonctionnaires ainsi que la hausse de la TVA (taxe sur la valeur ajoutée).

Ces mesures ont déclenché la colère de nombreux Grecs, dont environ 100 000 ont manifesté mercredi dans les rues d'Athènes à l'occasion d'une grève générale dans tout le pays. Des violences ont éclaté dans la capitale et se sont soldées par trois morts dans l'incendie d'une banque. Des dizaines de milliers de personnes manifestaient encore pendant le vote du Parlement jeudi, selon la police.

Mais le gouvernement socialiste de Georges Papandréou estime ne pas avoir d'autre choix que de poursuivre la cure d'austérité, car la Grèce devra rembourser 8,5 milliards d'euros sur sa dette dès le 19 mai.

«Les coffres de l'État n'ont pas cet argent parce qu'aujourd'hui, le pays ne peut pas emprunter sur le marché international», a rappelé le ministre des Finances jeudi au Parlement.

La révélation de l'ampleur réelle de la dette publique grecque par les socialistes arrivés au pouvoir en octobre dernier a en effet provoqué une crise de confiance sur les marchés financiers qui s'est étendue à toute la zone euro et menace plus particulièrement les pays à l'économie vulnérable comme le Portugal, l'Espagne, l'Italie et l'Irlande. La monnaie unique en a été fragilisée, s'échangeant à moins de 1,28$ jeudi, contre 1,51$ à son plus haut fin 2009.

«Nous demandons des prêts à des pays qui ont aussi des déficits et des pays qui subissent aussi des attaques spéculatives. Et pour les obtenir, nous devons les persuader de ce que nous remettons de l'ordre dans la maison», a expliqué M. Papaconstantinou.

Dans ces conditions, «le gouvernement a la responsabilité de mettre en oeuvre les mesures financières les plus difficiles jamais prises dans ce pays», a-t-il dit. «C'est un programme qui exige des efforts et des sacrifices, et qui nous contraint moralement et politiquement à réussir».

L'opposition, accusée par la majorité d'avoir dissimulé l'état des finances publiques lorsqu'elle était au pouvoir, juge la cure d'austérité insupportable. «Le traitement que vous administrez menace de tuer le patient», a critiqué Andonis Samaras.

Les dirigeants de la zone euro se réunissent vendredi à Bruxelles pour donner leur feu vert au plan d'aide à la Grèce.