Les problèmes financiers de la Grèce ne devraient pas faire obstacle aux négociations d'un accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada, estime le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.

En marge du sommet Canada - Union européenne qui se déroule mercredi à Bruxelles, M. Barroso a plutôt exprimé l'opinion contraire: plus que jamais, l'Europe a besoin de marchés ouverts pour relancer son économie largement basée sur les exportations.

Les négociations de cet accord bilatéral ont été lancées l'an dernier au même sommet, à Pragues, et les parties impliquées espèrent qu'elles pourront aboutir d'ici pareille date l'an prochain.

«Les négociations vont bien. On me dit qu'elles progressent», a déclaré M. Barroso au cours d'une rencontre avec des médias canadiens, qui a toutefois refusé d'entrer dans les détails.

Le Canada juge qu'un tel accord augmenterait son PIB de 12 milliards de dollars par an et le commerce bilatéral, de 38 milliards $.

Pour une taxe sur les banques

Le président de la commission et celui du Conseil européen, Herman Van Rompuy, ont rencontré le premier ministre Stephen Harper cet avant-midi. Les trois hommes doivent entre autres discuter des prochaines réunions du G-20 et du G-8, qui se tiendront l'été prochain en Ontario. 

Quelques heures avant sa rencontre avec Stephen Harper, le président Barroso a réitéré la ferme intention de l'Europe de voir une nouvelle taxe imposée aux institutions bancaires. L'idée ne fait l'unanimité parmi les pays du G-20 et le Canada s'y oppose.

«Après que les contribuables européens aient été forcés de payer pour les erreurs graves qui ont été commises dans le secteur financier, nous pensons qu'il est juste que le secteur financier donne une contribution, une sorte de fond d'assurance collective pour que, s'il y a une autre crise qui se répète, ce ne soient pas les contribuables seulement qui doivent payer», a-t-il dit.

«Je n'ai pas [encore] discuté de la question avec le premier ministre canadien, a-t-il ajouté. Ce que je peux vous dire, c'est que de notre point de vue, il est désirable que nous puissions avoir une approche commune avec les autres membres du G20.»

Plus d'action contre les GES

Sur le sujet des changements climatiques comme sur celui de la taxe sur les banques, M. Barroso a refusé de pointer le Canada du doigt. Mais là encore, il a plaidé en faveur d'une action concrète.

«Dans les faits, les plus importants émetteurs sont les Etats-Unis et la Chine, a-t-il rappelé. Donc il est important que tout le monde bouge.»

Mais «ce que nous n'aimons pas, pour parler franchement, c'est de voir quelqu'un bouger parce que les autres ne bougent pas, a-t-il poursuivi. Nous essayons de trouver le plus bas dénominateur commun et nous oublions nos responsabilités globales.» 

Quant à l'action entreprise par l'Union européenne pour prêter main-forte à la Grèce aux prises avec des difficultés économiques, et aux risques que la situation peut poser pour le Canada, José Manuel Barroso a dit vouloir dresser un portrait honnête du problème lors de sa rencontre avec Stephen Harper, tout en faisant valoir les gestes «sans-précédents» posés pour y répondre.

Les membres de l'Union européenne et le Fonds monétaire mondial ont accepté un plan de sauvetage de près de 120 milliards d'Euros sur trois ans pour permettre à la Grèce de payer ses dettes.