Le premier ministre grec Georges Papandréou a invoqué le «devoir patriotique» et «la survie» du pays vendredi pour défendre de nouvelles mesures d'austérité douloureuses pour la population. C'est la contrepartie du plan de sauvetage de 45 milliards d'euros de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI) dont la finalisation paraît imminente.

«Les mesures que nous devons prendre, qui sont des mesures d'économie, sont nécessaires pour la protection de notre pays, a déclaré Georges Papandréou devant le Parlement. Pour notre survie, notre avenir, pour que nous puissions nous tenir fermement sur nos jambes», a-t-il ajouté.

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«Il est de notre devoir patriotique de les mettre en oeuvre, quelque soit le coût politique, qui est infime à côté du coût de l'inaction et de l'indécision nationales», a-t-il prévenu.

Athènes a demandé il y a une semaine l'activation du plan de soutien promis par l'UE et le FMI qui lui fournirait 45 milliards d'euros de prêts cette année et, selon certaines informations, jusqu'à 120 milliards sur trois ans. Les négociations entre la Grèce, l'UE et le FMI sur les mesures supplémentaires requises pour la mise en oeuvre du plan devraient être bouclées ce week-end.

Le porte-parole du ministère allemand des Finances, Michael Offer, a précisé vendredi qu'il s'attendait à ce qu'Athènes présente le nouveau plan d'austérité d'ici dimanche. Selon des sources proches du dossier, ces mesures pourraient inclure une nouvelle réduction des salaires de la fonction publique et des retraites, ainsi qu'une nouvelle hausse des taxes indirectes.

Le ministre des Finances grec, Georges Papaconstantinou, a confirmé qu'un accord était «très proche». Une fois les négociations terminées, une «annonce simultanée (sera faite) sur les éléments fondamentaux de ce plan et sur tous les mécanismes de financement afin que la Grèce n'ait pas de problèmes d'emprunt» et qu'elle puisse «procéder à des réformes majeures sans (...) l'angoisse existentielle des fluctuations du marché quotidien», a-t-il ajouté.

Lors d'une conférence, le ministre a qualifié ce plan de trois ans de «meilleure réforme fiscale qui ait jamais eu lieu en Grèce. C'est un ajustement difficile qui va demander de chacun de faire un énorme effort». Mais le système bancaire grec sera «blindé contre toute attaque», a-t-il promis.

Une fois le plan présenté, l'Allemagne l'examinera avant de consulter ses partenaires de la zone euro lors d'une téléconférence des ministres des Finances attendue dimanche. L'Allemagne a insisté sur le fait qu'elle devait passer d'abord en revue le plan grec avant de pouvoir lancer la procédure parlementaire pour débloquer le prêt de 8,4 milliards d'euros qu'elle accorderait dans le cadre du mécanisme de soutien à la Grèce.

Cette procédure devrait être activée rapidement, afin de permettre à la Grèce de rembourser la prochaine échéance de sa dette le 19 mai et d'éviter une contagion de la crise grecque à la zone euro.

L'annonce de l'imminence d'un accord n'a pas complètement suffi à calmer les marchés, qui ont continué à baisser en Europe et aux États-Unis vendredi. En revanche, l'écart de taux d'intérêt («spread») entre les obligations grecques à 10 ans et leur équivalent allemand qui sert de référence est revenu à 6,2 points, après avoir atteint un record de 10 points mercredi.

Mais la Grèce a encore reçu de mauvaises nouvelles vendredi, avec l'abaissement par l'agence de notation Moody's des notes de solidité financière de neuf banques grecques, dont la Banque nationale de Grèce, Alpha Bank et Emporiki Bank. Elle a précisé que son appréciation pourrait encore se dégrader, et même de «plusieurs crans», à la lumière d'une étude en cours de l'agence sur la dette publique d'Athènes.

Selon Willem Buiter, économiste chez Citigroup, le plan de sauvetage accordera un répit à la Grèce, mais «à mon avis, tôt ou tard, il faudra une restructuration de la dette publique», ce qui pourrait signifier un rééchelonnement ou une révision des intérêts à la baisse. «Ca (une restructuration) n'arrivera pas dans un avenir proche grâce au soutien financier sur trois ans qui a été ajouté (...) donc l'immédiateté de la crise de solvabilité a été reportée à un horizon de trois ans», a-t-il ajouté, optimiste sur la capacité des 16 membres de la zone euro à traverser la tempête.