Le premier ministre Stephen Harper a émis jeudi quelques réserves par rapport au G20 même s'il se prépare à accueillir le premier sommet du groupe en tant qu'organisation permanente.

«Je pense que les actions du G20 durant la dernière année ont réellement permis d'éviter ce qui aurait facilement pu être une récession mondiale. C'est donc une réalisation assez impressionnante», a déclaré M. Harper devant des gens d'affaires provenant de pays du G20.

«Mais le G20 a encore beaucoup de choses à faire afin de vraiment prouver ce qu'il vaut concernant les dossiers économiques», a-t-il ajouté.

Stephen Harper, qui recevra les pays du G20 à Toronto en juin, a affirmé que les discussions sur le commerce international avaient peu de chance de progresser cette année. Il a plutôt encouragé les pays à se lancer dans des «stratégies de commerce bilatéral dynamiques».

Le premier ministre a également indiqué que les sujets comme le développement des pays pauvres devaient être réservés au G8 puisque c'est là que les donateurs se trouvent.

«C'est un groupe plus petit de pays qui ont des valeurs, des points de vue et des statuts communs», a fait valoir M. Harper, opposant les riches économies du G8 aux économies émergentes de certains membres du G20.

Les propos de Stephen Harper pourraient faire sourciller certains pays émergents comme la Corée, qui organise le sommet du G20 de cette année avec le Canada et a déclaré que le développement international devrait être une priorité.

Pour Scott Brison, porte-parole libéral en matière de commerce, les commentaires du premier ministre, considérés dans leur ensemble, équivalent à dénoncer le multilatéralisme en politique étrangère.

«L'hôte du G20 a la responsabilité de présenter un ordre du jour ambitieux», a soutenu M. Brison, ajoutant que M. Harper faisait plutôt le contraire en minimisant les attentes et en sous-estimant les chances du groupe de faire de solides progrès.

Créé dans la foulée de la crise économique mondiale, le G20 a tenu son premier sommet à Washington en novembre 2008. Lors de sa troisième rencontre à Pittsburgh l'automne dernier, il a décidé de devenir une organisation permanente.

Les membres ont également statué que le G20 serait le principal organisme décisionnel international en matière d'économie, remplaçant ainsi le G8 par un groupe plus diversifié.

Toronto accueillera ainsi le premier sommet du G20 en tant qu'organisation permanente. Pour l'occasion, les plus puissants politiciens des États-Unis et de l'Europe côtoieront ceux de la Chine, du Brésil et de l'Inde.

Par ailleurs, le premier ministre Stephen Harper a aussi annoncé jeudi que le gouvernement fédéral financerait la création à l'Université de Toronto d'un nouveau centre d'étude de la sécurité mondiale.