L'Union européenne et l'Allemagne ont tenté jeudi de rassurer les marchés sur l'imminence du versement de l'aide à la Grèce, après deux jours de nervosité boursière sur fond de craintes d'une contagion à l'intérieur de la zone euro. Le plan sera prêt dans les prochains jours, ont affirmé le commissaire aux Affaires monétaires Ollie Rehn et la chancelière Angela Merkel, tandis que les places européennes repartaient à la hausse.

Les négociateurs grecs, européens et du Fonds monétaire international (FMI) réunis à Athènes travaillent «nuit et jour», a déclaré Ollie Rehn lors du point presse quotidien au siège de l'UE à Bruxelles. «Je pense que les négociations seront achevées dans les tout prochains jours.»

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Selon le commissaire européen, ces négociations déboucheront sur ôôun programme pluriannuel qui mènera à un ajustement fiscal majeur et à d'autres modifications structurelles» de l'économie grecque, capables de la remettre sur les rails d'une croissance durable et de rétablir les finances publiques du pays. Ce plan sera également destiné à «chaque membre de la zone euro et leurs habitants, afin de sauvegarder la stabilité financière en Europe et dans le monde».

La présence d'Ollie Rehn au point de presse quotidien n'a été annoncée qu'à la dernière minute et semblait destinée à montrer aux marchés que l'argent promis par les pays de la zone euro et le FMI ne tarderait plus à entrer dans les caisses grecques. «La présence de Rehn signifie que nous attendons la conclusion d'un accord ce week-end», a souligné une source européenne.

A Berlin, la chancelière Angela Merkel a également dit attendre un accord dans «les prochains jours». L'Allemagne exige que l'aide soit conditionnée à de strictes modalités d'attribution et à de nouveaux efforts grecs. Elle est accusée depuis quelques jours d'avoir aggravé la crise grecque en se montrant réticente à assumer sa part du plan de 45 milliards d'euros prévu par l'UE (30 milliards) et le FMI.

«L'Allemagne apportera son aide aussitôt que les conditions prérequises seront là. Nous espérons des résultats d'ici quelques jours. Après cela, nous, en Allemagne, mettrons notre processus législatif en marche», a affirmé jeudi Mme Merkel.

Dans le même temps, deux importants partis d'opposition allemands ont fait savoir qu'ils ne bloqueraient pas un accord sur l'aide à la Grèce, afin d'assurer que le financement puisse passer à temps au Parlement et qu'Athènes puisse faire face à ses échéances.

Sans les 45 milliards d'euros du plan UE-FMI, la Grèce affirme qu'elle ne pourra pas rembourser les 8,5 milliards d'euros qu'elle doit au 19 mai, à échéance d'obligations à dix ans. Alors que les négociations se poursuivent à Athènes, les marchés semblent convaincus que le montant de l'aide sera bien supérieur à cette somme, de nombreux investisseurs évoquant désormais une enveloppe de 120 milliards d'euros sur trois ans.

En attendant son annonce, la perspective d'un accord a ramené les marchés européens dans le vert jeudi. L'index de la bourse d'Athènes a ainsi bondi de 7,71%, tandis que l'écart de taux d'intérêt («spread») entre les obligations grecques et leur équivalent allemand qui sert de référence est redescendu à 6,48 points de pourcentage, après avoir atteint 10 points la veille. A Londres, le FTSE 100 a clôturé en hausse de 0,9%. La progression s'élevait à 0,8% sur le Dax allemand, et 1,1% pour le CAC 40 à Paris.

Par ailleurs, la Banque des règlements internationaux (BRI), «la banque des banques centrales», a déclaré jeudi que la France et l'Allemagne étaient les deux pays détenant la part la plus importante part de la dette grecque, avec 75,2 milliards de dollars (56,7 milliards d'euros) pour les banques françaises, et 45 milliards de dollars (33,9 milliards d'euros) pour les établissements allemands.