Le Portugal a subi une dégradation de la note de sa dette par l'agence Standard & Poor's (SP), ravivant la crainte d'une contagion de la crise grecque à ce pays considéré comme l'autre maillon faible de la zone euro.

Le ministre portugais des Finances, Fernando Teixeira dos Santos, a aussitôt réagi à cette décision pour dénoncer une «attaque» des marchés. Il s'est dit déterminé à mettre en oeuvre le plan d'austérité du gouvernement pour réduire un déficit record de 9,4% du PIB pour une dette de 126 milliards d'euros.

À lire aussi: Effet domino signé S&PLa note de la dette à long terme du Portugal a été abaissée de deux crans, à «A-» contre «A+» par SP qui l'a assortie d'une perspective négative, ce qui signifie qu'elle pourrait être abaissée davantage, selon un communiqué publié mardi.

Les finances publiques portugaises restent «structurellement faibles, nonobstant les importantes réformes structurelles du secteur public ces dernières années», a prévenu SP.

Cet abaissement de notation reflète les craintes sur la situation budgétaire du Portugal et des inquiétudes d'une contagion de la crise grecque. Selon le scénario de Standard & Poor's, «le gouvernement portugais devrait se débattre pour stabiliser son niveau d'endettement élevé d'ici à 2013».

«Nous avons revu à la baisse le scénario de croissance du Portugal et nous attendons une stagnation de son activité économique en 2010», précise l'agence de notation.

Après cette annonce, la Bourse de Lisbonne a plongé de 5,36%, tandis que sur les marchés obligataires, le Portugal a vu ses taux augmenter à plus de 5%.

«Nous devons rester calmes et ramener les marchés à la sérénité, a affirmé le ministre portugais. Comme par le passé, nous ferons ce qui est nécessaire pour réduire le déficit et promouvoir la compétitivité de l'économie portugaise.»

Le gouvernement socialiste portugais s'est engagé à ramener le déficit public à 8,3% du PIB en 2010, puis sous la limite européenne autorisée de 3% du PIB d'ici à 2013, avec un plan draconien d'austérité axé notamment sur une réduction des dépenses.

M. Teixeira dos Santos a appelé une nouvelle fois l'opposition, qui a brandi à plusieurs reprises la menace de ne pas cautionner les mesures de ce programme de stabilité et de croissance, à mettre de côté des «querelles inutiles» et à «s'entendre» avec le gouvernement.

L'agence Fitch avait abaissé le 24 mars la note du Portugal à AA- et Moody's lui attribue un Aa2. Ces notes sont assorties d'une perspective négative.

«Pour qu'il y ait une nouvelle dégradation de la note, il faudrait de nouveaux indicateurs économiques montrant que le Portugal ne parvient pas à atteindre ses objectifs. Or, les informations actuellement disponibles ne vont pas dans ce sens», a cependant expliqué à l'AFP Rui Constantino, économiste portugais de la banque Santander Totta.