La crise grecque aura dominé les réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale ce week-end à Washington. Le ministre grec des Finances George Papaconstantinou, qui a poursuivi dimanche ses intenses consultations sur l'aide demandée par Athènes aux pays de la zone euro et au FMI, s'est dit confiant dans la conclusion rapide d'un accord.

Il a précisé que les négociations avec les gouvernements européens et le FMI pour l'attribution d'un prêt d'urgence se passaient bien, que la Grèce n'avait pas l'intention de payer moins que ce qu'elle devait à ses créditeurs et que son pays serait capable de respecter les échéances pour des remboursements de prêts à la mi-mai.

Il a dit s'attendre à ce que le FMI approuve début mai le déblocage de 10 milliards d'euros (13,40 milliards $) de prêts pour la Grèce. «Nous sommes confiants dans le fait que cela sera fait à temps, et nous continuerons à financer la dette publique absolument sans aucun problème», a-t-il assuré. Le gouvernement grec, qui met en place des mesures d'austérité, doit rembourser 8,5 milliards d'euros (11,3 milliards $) le 19 mai.

Après ses entretiens avec le ministre grec, le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn a déclaré que les pourparlers avec Athènes concernant l'octroi d'un prêt d'urgence s'accélèrent et il s'est déclaré «convaincu» que les discussions entre le FMI, les pays européens et le gouvernement grec seraient conclues «à temps» pour «satisfaire les besoins de la Grèce».

Toutes les parties concernées par le plan d'aide conviennent de la nécessité d'«aller vite», a expliqué M. Strauss-Kahn, en ajoutant avoir eu ce week-end des discussions constructives avec George Papaconstantinou.

La Grèce espère obtenir des prêts s'élevant à environ 30 milliards d'euros (40,2 milliards $) des 15 autres pays de la zone euro, plus 10 milliards d'euros (13,4 milliards $) du FMI. Etranglée par sa dette vertigineuse et par un coût du crédit s'envolant sur les marchés, Athènes a réclamé vendredi le déclenchement du mécanisme d'aide d'urgence conjoint EU-FMI promis fin mars pour sortir le pays d'une grave crise budgétaire.

La veille, les chiffres communiqués jeudi par l'agence européenne de la statistique, Eurostat, avaient montré que la situation était pire que prévue en Grèce avec un déficit égal à 13,6 pour cent du PIB en 2009 (contre des prévisions de 12,9 pour cent). Le niveau de dette publique par rapport au PIB s'élève par ailleurs à 115,1 pour cent le deuxième plus haut niveau de l'UE.

Dans un entretien au «Journal du Dimanche», la ministre française de l'Economie Christine Lagarde souligne qu'il faut être «solidaires» de la Grèce, mais pas «complaisants». «Il faudra être extrêmement attentifs aux résultats», poursuit-elle. «Il nous faudra des mécanismes de contrôle pour que l'on soit certain de ne pas tomber dans un puits sans fond. C'est toute la mission qui incombe à la Commission européenne et au FMI», explique-t-elle.

«Nous ne décaisserons pas l'intégralité des sommes tout de suite. Nous le ferons au fur et à mesure des besoins et en cas de défaut de paiement, nous mettrons aussitôt le pied sur la pédale du frein», assure-t-elle.

Le ministre allemand des Finances Wolfang Schaeuble a de son côté déclaré dans un entretien à l'hebdomadaire «Bild am Sonntag» que Berlin n'avait pas encore pris sa décision concernant une aide. Elle dépendra notamment du fait de savoir si la Grèce «continuera à appliquer» son plan d'austérité «dans les années à venir», a-t-il dit.

Le premier ministre grec Georges Papandréou a déclaré vendredi dans une intervention télévisée que son pays était comme «un bateau qui coule». La Grèce met en place un programme d'austérité qui réduit les salaires des fonctionnaires, gèle les retraites et augmente les impôts. Mais ce pays devra affronter des années de rigueur et de doutes sur ses finances à long terme. «Nous sommes tous conscients de la gravité de la situation et des efforts courageux faits actuellement par le peuple grec», a déclaré dimanche M. Strauss-Kahn.