Le ministre des Finances Jim Flaherty assure avoir rallié des homologues du G20 dans sa lutte contre l'idée d'une taxe mondiale sur les banques pour empêcher une autre crise financière.

«Je ne vous donnerai pas le compte, ce ne serait pas juste. Disons tout simplement qu'il y a un nombre significatif», a lancé tout sourire le ministre des Finances du Canada aux côtés de son homologue coréen, après une conférence de presse au terme d'une journée de discussions tenue à Washington entre les membres du G20.

M. Flaherty a ensuite fait valoir qu'il était insensé d'imposer une telle taxe dans des pays n'ayant pas eu à se porter à la rescousse de leurs banques.

En conférence de presse un peu plus tard, le secrétaire au Trésor des États-Unis n'a pas voulu dire si le ministre Flaherty aurait ce qu'il souhaite. Tim Geithner a toutefois admis qu'il comprenait le point de vue du gouvernement du Canada, puisque les banques canadiennes n'avaient pas réclamé d'aide financière.

Jim Flaherty est le plus dévoué des opposants à l'avis du Fonds monétaire international (FMI) incitant les États à imposer une taxe sur les banques et institutions financières. Cette ponction serait destinée à prévenir d'éventuelles crises économiques et à éviter que les contribuables n'aient à financer le sauvetage de banques en faillite.

Les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne et la France appuient l'opinion du FMI, tandis que le Canada, l'Australie et le Brésil figurent parmi les pays s'y opposant.

Le ministre Flaherty, toutefois, s'est démarqué par la vigueur de son opposition à la position du FMI et s'est montré défiant dès son arrivée à Washington.

«Nous sommes un pays souverain, avait-il lancé jeudi. Nous pouvons réglementer nos banques et nos autres institutions financières comme bon nous semble.»

La proposition du FMI, appuyée par le président Barack Obama, coûterait au secteur financier jusqu'à 2 billions $ US. Elle servirait à créer des fonds en taxant les profits et les emprunts des banques ainsi que les compensations qu'elles versent. Les banques pourraient ensuite recourir à ses fonds pour éviter l'effondrement advenant une autre crise financière.

Mais selon M. Flaherty, une telle mesure nourrirait l'instabilité en réduisant le capital dont disposent les banques. Le ministre croit que le G20 devrait plutôt concentrer ses efforts sur des règles pour soutenir les besoins en capitaux et limiter l'effet de levier des institutions financières.

Après avoir pris connaissance des commentaires des ministres des Finances, le FMI devrait faire connaître sa proposition finale au sujet de cette mesure en juin, soit lorsque les leaders du G20 se réuniront à Toronto.