Les bons résultats du marché du luxe au premier trimestre 2010 ont permis au cabinet américain Bain&Company de relever sa prévision de croissance annuelle du marché mondial du luxe, passant de +1% à +4%, dans son étude publiée vendredi.

Jusqu'ici, 2010 était présenté comme une année de «stabilisation», avec une croissance possible de 1%, par le cabinet.

En 2009, les ventes mondiales de luxe ont globalement baissé de 8%, mais le dernier trimestre de l'année laissait entrevoir cette légère croissance.

Selon les chiffres et tendances des trois premiers mois de 2010, le marché du luxe devrait progresser de 4% sur l'ensemble de l'année. Le premier semestre est attendu meilleur que le second.

Cette croissance sera sensible partout dans le monde, sauf au Japon où le marché devrait encore reculer de 3% sur l'année.

L'Asie reste la clé du secteur du luxe, puisque la Chine sera le marché le plus dynamique (+15%), devant les autres pays d'Asie-Pacifique (10%), l'Amérique du Nord et du Sud (+4%), l'Europe (+3%) et le reste du monde (+2%).

Le secteur cuir et chaussures devrait être le principal bénéficiaire (+5%), devant les vêtements (+4%), les montres et bijoux (+4%) et les parfums et cosmétiques (+2%). Le marché des arts de la table devrait rester stable.

Témoin de ce retournement de tendance, les grands magasins de luxe aux États-Unis, lourdement affectés par la crise dès juin 2008 et jusqu'à fin 2009, ont vu leurs ventes augmenter de 8% en janvier, 6% en février et 13% en mars, selon Bain&Company.

De même, le cabinet note la reprise du marché des vols internationaux, des taux d'occupation des hôtels de luxe, et des ventes de voitures de luxe qui redeviennent positifs après avoir enregistré jusqu'à -30 voire -40% fin 2008 et début 2009.

La crise a modifié le marché, analyse Bain&Company. Il tend à se concentrer autour des «grandes marques» qui ont «gagné des parts de marché». La marque «ne suffit pas» à faire vendre. Les clients du marché du luxe «veulent de la qualité» et que les prix soient «justifiés».

Allant dans le même sens, la fondation Altagamma, qui rassemble les grands groupes de luxe italiens, a annoncé vendredi s'attendre à une solide reprise du marché du luxe cette année sauf au Japon.

«Même après cette crise, les entreprises du luxe ont prouvé une excellente capacité de réaction», notamment parce qu'elles ont investi «davantage d'énergie et de ressources dans le design des produits et l'innovation», a commenté Santo Versace, président de la Fondation Altagamma et du groupe de mode Versace.

Jeudi, Bernard Arnault, le patron de LVMH, N°1 mondial du luxe, s'était déclaré «assez confiant» pour 2010 après le rebond des ventes du groupe observé au premier trimestre tout en se gardant de faire des prévisions pour l'année.

Le groupe français de luxe Hermès qui a réalisé en 2009 un bénéfice net en très légère baisse, a annoncé fin mars viser une croissance de ses ventes de l'ordre de 5% à taux de changes constants en 2010.