Le Fonds monétaire international a préconisé mardi une ligne dure contre les plus grandes institutions financières, conseillant à ses États membres de se donner les moyens d'éliminer les risques qu'elles pourraient poser à l'ensemble du système.

La publication de ces recommandations intervient en plein débat législatif, aux États-Unis et dans plusieurs pays européens, sur la réforme des structures de régulation financière.

D'après le FMI, les propositions actuellement discutées ne vont pas assez loin pour empêcher une réédition de la crise qui avait suivi la chute de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers en septembre 2008.

«Il y a eu un déluge de propositions de régulation après la crise financière», a relevé lors d'une conférence de presse à Washington un économiste du Fonds, Juan Solé.

«Mais une caractéristique que nous avons remarquée dans la plupart de ces propositions est un manque de détails sur la conception et la mise en oeuvre des mesures auxquelles appelaient ces propositions de réforme», a-t-il poursuivi.

Dans un chapitre, publié mardi, de son «Rapport sur la stabilité financière mondiale» semestriel, le FMI se dit sceptique sur la création d'autorités surveillant le risque systémique, si elles ne sont pas dotées de pouvoirs d'intervention suffisants.

En d'autres termes, il souhaite que les pouvoirs publics puissent supprimer à la racine tout risque de faillite pour des «mégabanques» qui sont des rouages essentiels à la fois dans l'activité de financement de l'économie, et sur les grandes places financières du monde.

«Il ne suffit pas de charger les régulateurs de "surveiller" étroitement les connexions systémiques ou de traiter les institutions systémiques et non systémiques différemment», a indiqué le Fonds.

«Il peut être nécessaire pour les régulateurs de concevoir la régulation de sorte à empêcher les institutions de poser des risques systémiques», a-t-il ajouté.

Le risque systémique, mis en lumière par le pic de la crise financière de l'automne 2008, illustre «l'idée que les difficultés que connaît un établissement financier peuvent avoir des retombées négatives sur d'autres», voire sur l'ensemble du système, rappelle le FMI.

L'institution lance ainsi une proposition qui consisterait à «limiter directement la taille de certaines activités» des plus grandes institutions financières. Aucun exemple n'est cependant précisé.

Aux États-Unis, le gouvernement souhaite interdire aux banques de spéculer pour leur propre compte sur les marchés, une proposition inclue dans un projet de loi dont doit discuter le Sénat dans les semaines à venir.

En revanche, le FMI développe un mode de calcul de nouvelles normes de fonds propres pour les banques, pondéré en fonction des risques pris et posés par chacune.

Le dispositif proposé augmente le niveau de capital immédiatement disponible exigé auprès des banques en fonction des actifs risqués qu'elles détiennent, ce niveau s'élevant automatiquement en période de tensions financières.

«À notre connaissance, c'est l'une des premières tentatives pour produire une façon concrète de lier formellement les exigences en capital à la multitude des connexions systémiques d'une institution», a souligné la directrice de la division marchés de capitaux et monétaires du FMI, Laura Kodres.

Le FMI est membre du Conseil de stabilité financière, une institution de coordination entre régulateurs financiers de 24 pays associée aux travaux du comité de Bâle pour redéfinir le cadre réglementaire et comptable international s'appliquant aux banques.