La Grèce a accueilli avec soulagement le plan adopté par ses partenaires européens pour l'aider à sortir de la crise, saluant le soutien de la Banque centrale européenne (BCE), tout en espérant éviter une implication du FMI qui risquerait de relancer l'agitation sociale, estiment les analystes.

Au lendemain de l'accord européen sur ce plan d'aide élaboré lors d'un sommet à Bruxelles, prévoyant des prêts de pays de la zone euro et du Fonds monétaire international (FMI) en cas de besoin, «la Grèce peut déjà mieux respirer», commente l'économiste Théodoros Pelagidis.

«Cette bouffée d'oxygène» pour le pays, plongé depuis des mois dans une grave crise financière qui a menacé l'euro et la cohésion même de l'UE, «provient surtout de la décision importante de la BCE qui garantit les liquidités des banques», relève Anguélos Tsakanikas, chercheur à l'Institut grec de l'industrie (Iove).

Cet avis est partagé par l'ensemble des analystes, la presse et par le Premier ministre socialiste. Quelques minutes après la décision du sommet de l'UE, Georges Papandréou s'est félicité de la décision de la BCE concernant la prolongation au-delà de 2010 des critères, déjà considérablement assouplis depuis la crise, qu'elle impose aux banques pour leur prêter des liquidités.

«Cette décision très importante constitue un soutien et soulage nos efforts» en vue de l'assainissement de l'économie, a affirmé M. Papandréou.

La décision de la BCE «assure le flux normal des liquidités vers le système bancaire grec, il s'agit d'une très grande décision», a déclaré vendredi soir le gouverneur de la Banque de Grèce, Georges Provopoulos.

«Le système bancaire grec pourra ainsi disposer de liquidités, financer des investissements et continuer son rôle considérable sur l'économie du pays et son développement dans les Balkans», a souligné M. Pelagidis.

Signe du soulagement général, la Bourse d'Athènes a clôturé vendredi en hausse de 4,12% à 2,147,83 points, tandis que l'indice des banques a bondi de +8,42%.

De son côté, la presse grecque a salué «le gilet de sauvetage» européen mais critiqué «le récif du FMI», à l'instar de Elefthéros Typos (droite).

Elefthérotypia (gauche) s'est élevé contre «la position dure de la chancelière allemande Angela Merkel qui a conduit la zone euro dans les bras du FMI dont "le savoir-faire technocratique" s'est avéré destructif pour les pays où il a été appliqué».

Craignant de nouvelles mesures de rigueur «antisociales» qui s'ajouteraient à celles déjà prises par le gouvernement, le Parti communiste (KKE) et le parti de la gauche radicale (Syriza) ont condamné la participation du FMI au plan d'aide européen.

Les syndicats ont déjà organisé deux grèves générales et plusieurs manifestations depuis le début de l'année pour protester contre l'austérité imposée par le gouvernement, qui vise à réduire le déficit et la dette abyssale (12,7% et 113,4% du PIB respectivement).

«Les grands problèmes sociaux apparaîtront cet automne, on aura une hausse du chômage importante (à 10,3% en décembre 2009) en raison de la baisse du pouvoir d'achat», prévoit M. Pelagidis, en référence aux récentes coupes salariales dans la fonction publique et au gel des retraites.

Toutefois, les analystes estiment que «le Grec moyen et les syndicats ont conscience des difficultés financières» et sont plutôt prêts à accepter une cure d'austérité.

Selon M. Tsakanikas «la Grèce n'aura finalement pas besoin d'avoir recours au FMI» et espère que «la situation va plutôt se normaliser».

Le gouvernement socialiste «peut maintenant prendre des décisions courageuses pour procéder à des réformes structurelles permettant aux marchés de mieux fonctionner», souligne M. Pelagidis.