Les dirigeants des pays de la zone euro sont parvenus jeudi soir après d'âpres tractations à un accord sur un plan d'aide à la Grèce financé par des prêts européens et le FMI, un mécanisme inédit depuis le lancement de la monnaie commune il y a onze ans.

«Il y a eu un accord. L'Europe a envoyé un signal de grande unité, c'est un accord qui répond au problème, qui inclut le Fonds monétaire international mais avec une participation majoritaire de la zone euro», a déclaré à Bruxelles le premier ministre portugais José Socrates.

La décision a été prise au cours d'une réunion des chefs d'État ou de gouvernement de la zone euro, en marge d'un sommet des dirigeants de l'ensemble de l'Union européenne. Elle se fonde sur un compromis trouvé dans la journée par la France et l'Allemagne, qui a permis de débloquer la situation.

Le mécanisme, fruit de négociations ardues ces derniers jours, prévoit la création d'un dispositif de prêts que la Grèce pourrait utiliser «en dernier recours» si elle ne parvenait plus à emprunter à des taux raisonnables sur les marchés pour financer ses déficits.

La zone euro innove ainsi. Un tel filet de sécurité n'était pas prévu jusqu'ici pour un pays membre. De même, si ce plan est activé, l'intervention du FMI pour un pays de la zone euro serait sans précédent.

Le chef du gouvernement grec Georges Papandréou, dont le pays est confronté à une crise budgétaire sans précédent, a jugé l'accord européen «très satisfaisant».

Le dispositif sera alimenté majoritairement par des prêts de partenaires de la Grèce au sein de la zone euro, et du FMI. La proportion devrait être de deux tiers du total pour les premiers, et d'un tiers pour l'institution dont le siège est à Washington, selon une source diplomatique.

L'enveloppe ne sera ouverte qu'en cas de besoin. Et l'activation du plan devra être approuvée à l'unanimité des pays membres, ce qui promet encore de difficiles tractations si cette éventualité se présente.

Aucun montant n'a été fixé. Mais les besoins potentiels de la Grèce sont évalués à entre 20 et 30 milliards d'euros, selon une source diplomatique.

Les dirigeants européens étaient sous pression pour parvenir à un accord, car leurs divergences ces derniers jours sur l'opportunité d'aider la Grèce avaient fait chuter le taux de change de l'euro.

Ils partent de loin. Pendant longtemps; l'Allemagne, la principale économie de l'UE, a rechigné à l'idée même de soutenir la Grèce, puis elle a avancé l'idée d'un recours au Fonds monétaire international.

La plupart de ses partenaires, dont la France, prônaient au départ une aide purement européenne. Un certain nombre de pays avaient ensuite exprimé le souhait que l'aide soit essentiellement européenne, car ils s'inquiétaient que cela puisse transmettre un signal de faiblesse de la zone euro.

La Banque centrale européenne était au diapason. «Si le Fonds monétaire international ou une quelconque autre instance exerce à la place de l'Eurogroupe (la zone euro), à la place des gouvernements, leur responsabilité, c'est évidemment très mauvais», a dit jeudi le président de la BCE Jean-Claude Trichet.

Pour prix de son feu vert au renflouement de la Grèce, l'Allemagne a aussi obtenu un engagement à «renforcer» la surveillance budgétaire des État européens, avec l'objectif de pouvoir prendre plus facilement des sanctions contre les pays laxistes.

Les dirigeants européens se sont mis d'accord pour demander qu'un rapport soit fait d'ici à la fin 2010, «explorant toutes les options» dans ce but.