L'économie irlandaise a subi une contraction record de 7,1% en 2009 et reste enfoncée dans la récession depuis deux ans, ont montré jeudi des statistiques, qui rappellent qu'au-delà de la Grèce ou du Portugal, l'Irlande reste un des maillons les plus faibles de la zone euro.

L'institut statistique irlandais, le CSO, a annoncé que le produit intérieur brut (PIB) du pays s'était effondré de 7,1% en 2009, une chute sans précédent, qui fait suite à la contraction déjà record de 3% enregistrée en 2008.

Un malheur n'arrivant jamais seul, le CSO a aggravé son évaluation du PIB du 3e trimestre 2009.

Alors qu'il l'avait évalué initialement en légère croissance (de 0,3%) par rapport au trimestre précédent, ce qui laissait entendre que l'économie irlandaise était sortie de la récession durant l'été, il l'estime désormais en repli de 0,1%, ce qui signifie qu'elle est en fait restée enfoncée dans la récession depuis qu'elle y est entrée début 2008.

Troisième mauvaise nouvelle, et non des moindres : la situation a empiré au quatrième trimestre, avec un repli de 2,3% du PIB par rapport au trimestre précédent, et de 5,1% sur un an.

Tombés alors que les dirigeants de l'UE étaient au chevet de la Grèce, et que les marchés restaient sous le choc de la dégradation mercredi de la note d'endettement du Portugal, les données du CSO sont donc venues rappeler brutalement que l'ex-»Tigre celtique» reste l'un des États les plus mal en point du Vieux continent.

Pour Dermot O'Leary, chef économiste de la maison de courtage Goodbody, ils confirment que 2009 a été une véritable «annus horribilis».

Par rapport à son pic de 2007, «le PIB irlandais a chuté de 13% environ, et le PNB de 17%, ce qui fait de la crise irlandaise l'une des pires de l'histoire de tous les pays développés», a-t-il souligné.

Le ministre des Finances Brian Lenihan a tout de même cherché à faire preuve d'optimisme, remarquant que la chute de 7,1% du PIB était «légèrement meilleure» que sa prévision d'un repli de 7,5%, émise en décembre.

Et il a surtout confirmé s'attendre à un retour du pays à la croissance «au cours du deuxième semestre 2010».

Une prévision partagée par Alan McQuaid, du cabinet Bloxhams.

«En ce qui concerne le PIB, nous continuons à prévoir une contraction de 0,75% sur l'ensemble de 2010, mais avec un retour à la croissance au deuxième semestre», qui devrait ouvrir la voie à une croissance de 3% en 2011, a-t-il anticipé dans une note.

De plus, en dépit de cette crise économique dramatique, l'Irlande a jusqu'ici échappé à une tourmente politico-financière similaire à celle qui secoue la Grèce depuis l'automne dernier.

Le gouvernement irlandais, au lieu de chercher à masquer l'ampleur de ses difficultés par des manoeuvres comptables, a en effet commencé dès 2008 à adopter des mesures de rigueur pour contenir l'envolée de son déficit public.

En 2009, le gouvernement a ainsi adopté deux plans d'austérité successifs, de 3 et 4 milliards d'euros, qui devraient permettre de stabiliser le déficit public à 11,6% du PIB cette année, après 11,7% en 2009.

Parmi un catalogue de mesures très impopulaires, il a imposé une baisse générale des allocations, et une réduction de 5 à 15% des salaires des fonctionnaires. Le premier ministre Brian Cowen a donné l'exemple en réduisant de 15% sa paye et celle de ses ministres.

De plus, la dette publique irlandaise est bien plus faible que celle des autres «PIIGS» (Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne), les membres de la zone euro considérés comme les plus fragiles. D'après les dernières données officielles, elle s'élevait à 64,5% du PIB fin 2009, un niveau inférieur à celui la France ou à l'Allemagne, ainsi qu'à la moyenne de l'UE.