La Commission européenne rappelle à l'ordre l'Allemagne, la France, l'Espagne, l'Italie et les Pays-Bas. Dans un rapport diffusé mercredi, Bruxelles prévient que ces cinq pays majeurs de la zone euro comptent trop sur la reprise économique pour remplir leur objectif de réduction du déficit budgétaire.

Le rapport de la Commission évalue les politiques mises en place par 14 pays de l'Union européenne -parmi lesquels l'Allemagne, la France, l'Espagne, l'Italie et les Pays-Bas- pour réduire leurs déficits.

«D'une manière générale, pour la majorité des 14 programmes examinés, les hypothèses de croissance sous-tendant les projections budgétaires sont jugées plutôt optimistes, ce qui signifie que les résultats budgétaires pourraient se révéler moins bons que prévu», met en garde Bruxelles. En outre, «dans plusieurs cas, la stratégie d'assainissement budgétaire proposée n'est pas suffisamment étayée par des mesures concrètes à compter de 2011».

Les déficits des pays concernés pourraient ainsi se creuser si la croissance reste molle, prévient la Commission. «Les principaux risques qui pèsent sur l'assainissement découlent d'hypothèses macro-économiques légèrement optimistes», souligne le commissaire européen aux Affaires monétaires Olli Rehn, qui estime également que «les mesures d'assainissement» décidées par les gouvernements doivent être précisées.

Bruxelles invite ainsi la France «à préciser la stratégie budgétaire qui lui permettra de corriger son déficit excessif et de réduire sa dette».

Paris s'est engagé à ramener son déficit public de 8,2% du PIB cette année à moins de 3% -limite européenne- d'ici 2013. Selon le gouvernement français, le déficit amorcerait sa décrue en 2011. Or, pour la Commission, «les hypothèses qui sous-tendent le scénario présenté dans le programme sont jugées plutôt optimistes». La stratégie définie ne laisse en effet «aucune marge de sécurité si la situation économique évolue moins bien que prévu dans le programme, alors même que, selon la Commission, ce dernier repose sur des hypothèses macro-économiques très optimistes (soit une croissance de 2,5% à compter de 2011)».

Le «programme de stabilité» de l'Allemagne prévoit pour sa part un déficit à 5,5% du PIB en 2010, avant un «début du processus d'assainissement en 2011 et la correction du déficit excessif d'ici à 2013», selon Bruxelles, qui évoque là aussi «un scénario macro-économique légèrement optimiste».

La Commission prévient en effet que les résultats budgétaires allemands «pourraient toutefois se révéler moins bons que prévu», en raison notamment de «l'absence de mesures spécifiques d'assainissement après 2010», et de «la nécessité de concilier l'austérité budgétaire avec la possible mise en oeuvre des réductions d'impôts annoncées» par le gouvernement de la chancelière Angela Merkel.

La Commission européenne demande aussi à la Grande-Bretagne de réduire ses déficits plus rapidement, craignant que Londres se montre trop optimiste vis-à-vis de la croissance économique. Le rapport de la commission note que le gouvernement ignore actuellement la limite maximale de 2014-2015 fixée par d'autres pays pour ramener leur déficit sous la barre des 3%.

«Le Royaume-Uni est invité à tout mettre en oeuvre pour éviter que son déficit ne continue à augmenter en 2010-2011 et à accélérer le rythme de son assainissement budgétaire à moyen terme, de façon à ramener son déficit sous les 3% du PIB d'ici à 2014-2014 et son ratio d'endettement sur une trajectoire descendante», ajoute la Commission. Bruxelles avertit aussi Londres que le climat économique des prochaines années pourrait se révéler nettement moins favorable que ne le prévoit le gouvernement.

Mais le gouvernement britannique a déjà prévenu qu'il ne suivrait pas ces recommandations. Le chancelier de l'Échiquier Alistair Darling avait déjà expliqué mardi que le pays replongerait dans la récession s'il respectait les coupes budgétaires préconisées par Bruxelles. Cela retirerait 25 milliards de livres (28 milliards d'euros) de l'économie britannique et risquerait «de faire sérieusement dévier l'économie de sa trajectoire et la repousser dans la récession», a-t-il justifié.