Le poids du Canada dans les affaires de SNC-Lavalin (T.SNC) diminuera peu à peu dans les cinq prochaines années. La société mettra l'accent sur d'autres régions du monde, dont le Brésil, l'Inde et la Russie.

Dans la dernière décennie, SNC a généré, bon an, mal an, la moitié de ses revenus au Canada. Mais cette proportion devrait tomber à 30% d'ici 2015, a affirmé hier le président et chef de la direction, Pierre Duhaime, dans une allocution devant la chambre de commerce du Montréal métropolitain.

M. Duhaime a cité, en tant que cibles de croissance de SNC, l'Amérique du Sud et le Brésil, l'Europe de l'Est et la Russie, l'Inde, le Moyen-Orient de même que l'Asie du Sud-Est.

SNC a ces régions dans le viseur en raison des taux de croissance prévus et de la taille des marchés. «SNC-Lavalin est déjà présente dans plusieurs de ces pays depuis des années, a ajouté M. Duhaime, président de SNC depuis 11 mois. Maintenant que ces pays commencent à se distinguer sur la scène économique internationale, nous disposons d'une longueur d'avance sur le terrain.»

En 2009, SNC-Lavalin a tiré 53% de ses revenus de ses activités canadiennes. L'autre moitié des revenus provenait de l'Afrique (15%), du Moyen-Orient (10%), de l'Europe (9%), de l'Amérique latine (5%), des États-Unis (4%) et de l'Asie (3%).

Appel à la persévérance scolaire

Par ailleurs, M. Duhaime a profité de l'occasion pour lancer un appel à une plus grande persévérance scolaire, «un besoin vital», a-t-il précisé.

«Le taux élevé de décrochage scolaire au Québec est un facteur qui peut nous désavantager grandement quand il est question d'être vraiment concurrentiels, a-t-il déclaré. Sans un meilleur taux de scolarisation, il sera très difficile d'assurer la croissance économique du Québec.»

Le président de SNC y voit aussi une menace pour son entreprise, qui compte 23% de ses 22 000 employés dans la Belle Province.

«On s'est bâtis sur un modèle d'affaires québécois, a-t-il expliqué en point de presse. Des gens de chez nous ont bâti cette compagnie. C'est important d'avoir une base solide, en laquelle on a confiance, à laquelle on appartient, et sur laquelle on peut grandir. Si on manque de diplômés universitaires au Québec, comment on va faire pour garder cette base aussi solide qu'elle l'était dans le passé?»

M. Duhaime soutient que, pour favoriser l'innovation et la productivité, le Québec doit, d'une part, élever son taux de diplômes postsecondaires et, d'autre part, faire une plus grande place aux immigrants qualifiés.

«Le Québec a plus que jamais besoin d'une main-d'oeuvre hautement qualifiée, mais plus encore SNC-Lavalin, pour assurer sa croissance et prendre la relève des baby-boomers, dont je suis, quand ils prendront leur retraite», a dit M. Duhaime.

Pierre Duhaime a refusé de répondre aux questions sur le contrat de gestion d'immeubles fédéraux de Profac, filiale de SNC. La Presse a fait la lumière la semaine dernière sur quelques factures associées à ce contrat, factures que la ministre des Travaux publics, Rona Ambrose, a jugé «exagérées». Ni le gouvernement ni SNC-Lavalin n'ont voulu préciser jusqu'à maintenant le taux des frais de gestion facturés par l'entreprise.

Le titre de SNC-Lavalin a gagné 18 cents, ou 0,34%, pour clôturer à 52,58$ hier, à la Bourse de Toronto.