Les Chinois restent les premiers créanciers de l'État fédéral américain, même s'ils ont tendance à réduire leur portefeuille dans un contexte de tensions commerciales, selon des données publiées lundi par le département du Trésor à Washington.

Les Chinois (hors ceux qui résident à Hong Kong) détenaient 889,0 milliards de dollars de bons du Trésor en janvier, un chiffre en diminution par rapport aux 894,8 milliards de décembre.

Les avoirs chinois reculent pour le le troisième mois d'affilée, la baisse totale atteignant 5,2%.

Derrière eux, les Japonais (765,4 milliards de dollars) et les «exportateurs de pétrole» (15 pays, et 218,4 milliards de dollars) ont tendance à accroître la masse de bons du Trésor qu'ils détiennent.

Il y a un mois, le Trésor avait créé la surprise en annonçant que les Chinois avaient laissé la place de premiers créanciers de Washington aux Japonais.

Mais ces chiffres avaient été révisés le 26 février, le Trésor relevant les avoirs chinois d'environ 130 milliards de dollars. Une bonne partie d'entre eux, détenus à la City de Londres, avaient en effet été comptabilisés comme appartenant à des Britanniques.

La confiance de la Chine dans la dette américaine est un indicateur surveillé de près à Washington. La Chine détient les plus grandes réserves de changes du monde, avec près de 2400 milliards de dollars fin décembre.

Dimanche, les tensions commerciales entre les deux pays ont connu un nouvel épisode avec les critiques du premier ministre chinois Wen Jiabao contre «cette pratique qui consiste à se montrer du doigt entre pays».

Etait visée la volonté des États-Unis, réitérée trois jours plus tôt par le président Barack Obama, de voir le taux de change du yuan s'apprécier. La monnaie chinoise reste arrimée au dollar depuis l'été 2008.

Washington voit dans la faiblesse délibérée du yuan une politique protectionniste, tandis que Pékin la présente comme une «importante contribution» à la stabilité financière mondiale.

La dépendance de l'État américain vis-à-vis des prêteurs chinois, et en particulier de l'État chinois, est un thème récurrent de la presse américaine.

«La Chine est le premier acheteur de bons du Trésor à un moment où les États-Unis affichent un déficit budgétaire record et ont besoin de la Chine pour continuer à acheter ces obligations pour financer la dette américaine», s'inquiétait dimanche le New York Times.

D'autres dédramatisent cette relation, estimant que la menace d'une Chine qui cesserait de financer son premier partenaire commercial n'est pas très crédible.

«Il est vrai que si la Chine se débarrassait de ses actifs américains, la valeur du dollar baisserait par rapport aux autres grandes monnaies, comme l'euro. (...) Mais d'un autre côté, ce serait une mauvaise chose pour la Chine, qui endurerait de vastes pertes sur ses avoirs en dollars», écrivait dimanche le prix Nobel d'économie 2008, Paul Krugman, chroniqueur au New York Times.

«C'est un pistolet à eau non chargé que la Chine pointe vers nos têtes», approuvait lundi Dean Baker, du Center for Economic and Policy Research à Washington.