La Grèce a adopté vendredi son plan de rigueur alors que le pays était quasiment paralysé par des grèves et des manifestations, dont l'une à Athènes marquée par de violents affrontements entre policiers et jeunes.

Le projet de loi intitulé «Mesures d'urgence pour faire face à la crise financière», comprenant vingt articles, a été adopté au cours d'une procédure parlementaire d'urgence.

Les députés du parti socialiste au pouvoir, détenant la majorité des sièges au Parlement unicaméral (160 sur les 300), ont voté en faveur de ce plan d'austérité alors que le parti communiste ultra-orthodoxe (KKE) a quitté la salle de l'assemblée dénonçant les mesures d'austérité.

Le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou, a réitéré lors de ce débat que la Grèce «menait une course contre la montre pour regagner la crédibilité des marchés dans un moment critique pour le pays».

Les nouvelles mesures de rigueur comprennent notamment des coupes salariales pour les fonctionnaires, le gel des retraites du secteur privé et public ainsi qu'une hausse de deux points de la TVA, à 21%.

Le rassemblement convoqué devant le parlement à la mi-journée par les deux grands syndicats du privé et du public, GSEE et ADEDY, a rapidement dégénéré quand des jeunes ont molesté le chef de la GSEE, Yannis Panagopoulos, alors qu'il entamait son discours devant une foule de plusieurs milliers de personnes, pour la plupart partisans de la gauche radicale.

Une fois le dirigeant syndical évacué, des dizaines de jeunes, certains cagoulés et armés de pierres et de bâtons, se sont rués vers la tombe du soldat inconnu, en contrebas du parlement, chassant les gardiens du site. Les forces antiémeutes ont enchaîné les charges et tiré des gaz lacrymogènes pour les faire reculer. Les heurts se sont poursuivis pendant une dizaine de minutes, avant que le cortège ne s'éloigne vers l'université d'Athènes, où il s'est dispersé.

La GSEE et ADEDY avaient auparavant lancé un appel à une grève générale de 24 heures le 11 mars, la deuxième en moins d'un mois contre la cure d'austérité.

Après l'annonce mercredi de ces mesures qui durcissent un premier plan de redressement annoncé en février, ces syndicats avaient appelé à un arrêt de travail de trois heures vendredi à la mi-journée, qui, combiné à diverses grèves sectorielles de 24 heures, a paralysé principalement la capitale.

Près de 3000 personnes ont manifesté à Salonique (localité du nord de la Grèce), la deuxième ville du pays.

Pour les syndicats, cette journée constituait un test de mobilisation contre les mesures prévoyant 4,8 milliards d'euros d'économies pour réduire le déficit public de 4 points à 8,7% du PIB cette année.

Les transports aériens et terrestres, ainsi que l'ensemble de l'activité économique, ont été fortement perturbés par ces actions. Athènes, sans aucun transport public, a été livrée à de gigantesques embouteillages. L'ensemble du trafic aérien a été interrompu de 12h00 à 16h00 (5h00 à 9h00, heure de Montréal) et les deux compagnies aériennes grecques ont annulé 22 vols.

Les employés des chemins de fer ont observé une grève de 24 heures, tandis que les médias d'État ne diffusaient aucune nouvelle. Les journalistes des médias privés ont observé un arrêt de travail de deux heures. Les écoles étaient aussi affectées par une grève des enseignants.

Après un entretien au Luxembourg avec le premier ministre grec Georges Papandréou, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a estimé qu'un plan d'aide financière à la Grèce ne devrait pas être «nécessaire».

La chancelière allemande Angela Merkel, qui a ensuite rencontré M. Papandréou à Berlin, a également estimé que la Grèce n'avait pas besoin d'aide financière actuellement et que la stabilité de la zone euro était «assurée».

Le ministre allemand de l'Économie Rainer Brüderle avait pour sa part prévenu que l'Allemagne ne donnerait «pas un cent» à la Grèce.

Cette tournée de M. Papandréou, qui doit rencontrer dimanche à Paris le président Nicolas Sarkozy, a pour but de «répéter que la Grèce a fait sa part et que c'est maintenant au tour de l'Europe de faire la sienne» pour aider le pays à surmonter sa débâcle financière, a indiqué à l'AFP une source officielle grecque.

Pour le président de la Banque européenne d'investissement (BEI), Philippe Maystadt, une «action coordonnée» des États de la zone euro pourrait encore être nécessaire pour aider la Grèce à faire face à la «spéculation», malgré son retour réussi sur les marchés pour se financer.