La Grèce a réussi un test de confiance crucial jeudi. Au lendemain de la présentation d'un nouveau train de mesures de réduction du déficit budgétaire, elle a annoncé un emprunt d'État sur dix ans qui a suscité des offres d'un montant total largement supérieur aux 5 milliards d'euros recherchés.

Athènes avait présenté mercredi de nouvelles mesures d'austérité d'une valeur globale de 4,8 milliards d'euros, représentant à part égales des recettes supplémentaires et des réductions des dépenses.

L'Union européenne et les institutions financières publiques et privées ont estimé que ces engagements devraient permettre à la Grèce de réduire son déficit budgétaire de quatre points en 2010, pour le ramener à 8,7% du produit intérieur brut (PIB), comme promis.

Alors que la Grèce espérait lever 5 milliards d'euros avec une émission obligataire, selon l'agence de gestion de la dette publique, les demandes de souscription s'élevaient déjà à plus de 7 milliards une heure après l'ouverture de l'offre.

Le porte-parole du gouvernement, Georges Pétalotis, a jugé encourageante la réponse des marchés financiers. «Nous sommes contents de cette forte demande. Cela a une signification, c'est une indication», a-t-il déclaré.

En effet, plus le risque de défaut de remboursement est jugé élevé, plus les investisseurs prêtent à un taux d'intérêt élevé aussi, ce qui aggrave encore la dette. L'enthousiasme montré par les investisseurs jeudi suggère qu'ils croient la Grèce solvable et sont donc prêts à lui prêter davantage. Athènes doit refinancer environ 20 milliards d'euros de sa dette à l'échéance d'obligations en avril et en mai.

La Grèce, qui doit emprunter environ 54 milliards d'euros cette année, en a levé 13 milliards jusqu'ici. Elle demande le soutien de ses partenaires de l'Union européenne, qui ont exigé ces mesures supplémentaires pour protéger l'euro, et n'exclut pas sinon de faire appel au Fonds monétaire international (FMI), ce qui serait embarrassant pour les Vingt-Sept.

La ministre française de l'Économie, Christine Lagarde, a toutefois déclaré jeudi qu'une aide franco-allemande n'était «pas d'actualité».

Le premier ministre grec, Georges Papandréou, doit rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel vendredi à Berlin, le président français Nicolas Sarkozy dimanche à Paris et le président américain Barack Obama mardi prochain à Washington, selon des responsables grecs.

De leur côté, les deux principaux syndicats grecs ont appelé à des débrayages et à manifester vendredi devant le Parlement, pendant que ce dernier devrait donner son accord aux 4,8 milliards d'euros d'économies supplémentaires pour 2010. Une grève générale contre le plan initial avait largement paralysé le pays le 24 février.

La fédération de fonctionnaires ADEDY, qui a prévu une grève de 24h pour le 16 mars, a appelé à la grève à partir de midi jeudi, ce qui a entraîné la fermeture des services publics et bloqué des avions au sol pendant quatre heures.

La centrale du privé, GSEE, a également appelé à un débrayage de midi à 15h, et les deux organisations ont organisé une manifestation à Athènes, qui a rassemblé un millier de personnes. Un autre défilé, de formations de gauche, a réuni environ 500 personnes.