La société Intrawest, propriétaire-exploitant de la station Tremblant, a obtenu un répit face à ses créanciers, grâce notamment à ses récentes ventes d'actifs pour plus de 160 millions US.

Par conséquent, la menace des créanciers de vente aux enchères d'un important bloc d'actions et de titres de dette d'Intrawest ne se concrétisera pas aujourd'hui à New York. La vente a été reportée d'au moins une semaine.

«Nous continuons nos discussions avec nos créanciers. Entre-temps, la gestion de nos centres de ski et de villégiature se poursuit normalement», indiquait-on hier au siège social d'Intrawest, à Vancouver.

Chez son actionnaire, la société américaine Fortress Investment, elle aussi en difficulté financière, le chef de la direction, Dan Mudd, a admis qu'il s'agissait de «dures négociations concernant des sommes importantes et de gros centres de ski».

Mais, dans l'immédiat, a-t-il ajouté, la continuité des épreuves olympiques est assurée à la station de Whistler, près de Vancouver, une station maîtresse d'Intrawest ciblée par ses créanciers. Car si elle survenait, une vente aux enchères d'Intrawest pourrait compromettre sérieusement sa continuité d'entreprise comme l'un des plus gros propriétaires exploitants de stations de ski en Amérique du Nord.

Et du coup, les principaux actifs d'Intrawest, dont les stations Whistler et Tremblant, pourraient être vendus au plus offrant.

«Fortress et Intrawest ont tout intérêt à négocier avec les créanciers pour éviter une mise aux enchères. Fortress veut garder le contrôle d'Intrawest en attendant une meilleure conjoncture économique», selon Daniel Fannon, analyste en immobilier et villégiatures chez Jefferies&Co, à San Francisco.

Les problèmes financiers d'Intrawest découlent de sa lourde dette de 1,4 milliard de dollars héritée de son rachat par endettement par Fortress, il y a quatre ans.

Cette dette est en arrérage considérable depuis des mois, alors qu'Intrawest et Fortress peinent des suites de la crise du crédit et de la récession américaine. Cette conjoncture est particulièrement difficile dans l'immobilier de villégiature, l'activité principale d'Intrawest.

N'empêche, la menace de ses créanciers d'une revente aux enchères avait semé l'émoi dans le milieu du ski, au moment de son annonce il y a un mois.

En particulier à Vancouver, où on a craint que l'exploitation de l'énorme station de ski de Whistler Blackcomb soit perturbée durant les Jeux olympiques.

Au Québec, la menace des créanciers d'Intrawest a ravivé les préoccupations envers la propriété et la gestion de la station Tremblant, devenue un pôle touristique majeur depuis 10 ans.

Depuis, la société Intrawest a nié toute intention de revendre Tremblant et Whistler, les qualifiant d'actifs primordiaux.

Mais ses reventes d'autres actifs de moindre envergure, dont les stations de ski Panorama, en Colombie-Britannique, et Copper Mountain, au Colorado, ont entretenu les appréhensions.

Dans le cas de Whistler, les plus récentes rumeurs dans la presse financière attribuent un intérêt d'achat de la part de l'entreprise Vail Resorts, du Colorado, déjà le principal vis-à-vis d'Intrawest en Amérique du Nord.

À Tremblant, les intervenants touristiques et des élus de la région se réuniront lundi prochain, 22 février, afin de faire le point avec le nouveau directeur général de la station de ski, Patrice Malo.

Entre-temps, la possibilité qu'un groupe régional de gens d'affaires concocte une proposition de rachat de Tremblant demeure sans suite concrète. Et ce, même si le ministre québécois du Développement économique, Clément Gignac, a indiqué que le gouvernement pourrait assister d'éventuels repreneurs d'ici.

«Nous ne sommes pas dans un projet de rachat de Tremblant, ni intéressé d'y être. Et mes relations d'affaires dans la région ignorent encore tout d'un tel groupe de rachat de Tremblant», a indiqué Louis-Philippe Hébert, président de Mont St-Sauveur International (MSSI), la deuxième plus grosse entreprise de ski dans les Laurentides.

Au Fonds de solidarité FTQ, pressenti comme investisseur dans un rachat éventuel de Tremblant, on signalait encore hier l'absence d'une proposition concrète.

«Nous n'avons pas de dossiers ouverts. Mais si on nous proposait quelque chose, on y regarderait de plus près parce que Tremblant est un actif touristique important au Québec», a indiqué Josée Lagacé, porte-parole du Fonds.

Pour le moment, le Fonds de solidarité a quelques millions investis dans l'hôtellerie et des commerces de villégiature à Mont-Tremblant.